Courrier des lecteurs

TPGO, avant, après

Publié le 16/04/2015
Article réservé aux abonnés

Avant la loi Santé et le TPGO [tiers payant généralisé obligatoire] :

Monsieur X, aide soignant fatigué, rentrant de cure thermale où il était parti se reposer :

– Je viens vous voir parce que je ne suis pas allé travailler. La cure ça m’a crevé, pfff.

– Ben écoutez, demain vous retournez au travail.

– Comment ça ? Puisque je vous dis que je suis fatigué de ma cure ! Et puis mon directeur m’a dit que j’ai le droit de m’arrêter si je veux !

– Certes, mais c’est moi qui suis médecin et moi je vous dis que vous pouvez reprendre le travail.

– Je ne sortirai pas d’ici sans mon arrêt de travail !

– Vous sortirez d’ici quand je vous dirai de sortir d’ici…

Il est sorti sans arrêt de travail et étonnamment, n’a pas changé de médecin. Consultation éprouvante, stressante, conflictuelle et… longue.

Après la loi Santé et l’instauration du TPGO :

– Je viens vous voir parce que je ne suis pas allé travailler. La cure m’a crevé, pfff.

(vérification sur Ameli des droits du patient, carte à jour, médecin traitant déclaré, mutuelle a priori inchangée ; une bonne mutuelle, chère, avec plein de droits dont je suis un des pions du réseau de soins devant respecter un cahier des charges précis et imposé).

– Je comprends…

– Et puis de toute façon, mon directeur est d’accord pour que je m’arrête, alors…

– Je comprends…

Il sort avec son arrêt de travail. Consultation apaisée, non conflictuelle et… courte.

Le premier scénario est réel et vécu. Le second une pure fiction… quoique sérieusement envisagée par bon nombre de mes confrères et moi-même. Tant qu’à être aux ordres du payeur, autant l’être jusqu’au bout. Question de cohérence.

Dr Stéphane Pertuet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9404