Unités de soins, soutien téléphonique : en Auvergne-Rhône-Alpes, des médecins au chevet des confrères en détresse

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Publié le 12/12/2018
soins soignants

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Crédit photo : PHANIE

Historiquement très dynamique en matière de prise en charge de la souffrance des médecins, la région Auvergne Rhône-Alpes accélère la cadence, au vu des besoins du terrain. 

Une nouvelle unité de soins pour les professionnels de santé (USPS) de 20 lits vient d'ouvrir à Châtillon, dans l’Ain. En janvier 2019, ce sera un centre ambulatoire et d’hospitalisation de jour – PsyproLyon – qui verra le jour dans la capitale régionale. Puis ce sera au tour de Grenoble d'accueillir en novembre sa propre USPS.

Plusieurs dispositifs existent déjà pour accompagner les professionnels de santé en détresse – depuis la ligne téléphonique dédiée jusqu’au centre de soins spécialisé. Un colloque organisé fin novembre par des unions régionales de professionnels de santé (URPS) Auvergne-Rhône-Alpes a souligné la vitalité de la région sur ce sujet et l'implication des soignants pour aider leurs confrères en souffrance. 

40 % de médecins épuisés 

Le réseau pionnier ASRA – aide aux soignants de Rhône-Alpes – a ouvert ses portes aux médecins dès 2012. Après six ans d'existence, ASRA se déploiera à tous les professionnels de santé à partir du 1er janvier 2019, dans le cadre du programme aide solidarité soignants (PASS), numéro national déjà mis en place dans d'autres régions

Le réseau ASRA est né d'un sombre constat : en 2012, 40 % des médecins de la région se disaient concernés par l’épuisement professionnel. Aujourd'hui, le réseau couvre 35 000 médecins et comprend 44 « confrères de soutien » volontaires et bénévoles, qui assurent une astreinte téléphonique 24 heures sur 24 et sept jours sept grâce à un serveur vocal. Psychiatres, psychologues, conseillers juridiques, avocats, peuvent aussi être appelés à la rescousse. « Nous recevons entre trois et sept appels par mois, précise le Dr Michel Évreux, président du réseau ASRA. Depuis 2012, nous avons reçu environ 460 appels ». 39 % des médecins en souffrance sont des généralistes et 40 % exercent à l'hôpital. 

Le motif de l’appel est l’épuisement professionnel dans 31 % des cas, une situation conflictuelle dans 21 % des cas, des difficultés financières dans 10 % des cas, des problèmes psychiatriques pour 11 % des appelants, un besoin de parole pour 9 %, ou encore des addictions dans 3 % des cas. 

Zéro consultation préventive

Si des dispositifs d’aide existent, la prévention reste difficile auprès des médecins. Et les 460 appels enregistrés par le réseau ASRA en six ans ressemblent fort à l'arbre qui cache la forêt.

Pour avoir tenté de mener une expérience sur la création d'une consultation de prévention pour les médecins libéraux, le Dr Yves Kossovsky, psychiatre et membre de l’URPS, sait de quoi il parle. « Nous avons formé quatre médecins généralistes avec des jeux de rôle et des analyses de cas, explique-t-il. Nous avons écrit à tous les médecins du territoire en leur présentant le dispositif et en garantissant l’anonymat des consultations ainsi que leur gratuité. Les médecins sont une population en souffrance, mais ils ne sont pas prêts à la reconnaître ni à faire la démarche d’une consultation préventive. » L’expérimentation du Dr Yves Kossovsky a été lancée il y a neuf mois. Résultat : zéro consultation.


Source : lequotidiendumedecin.fr