LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Vite, la censure !

Publié le 24/10/2012
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Saint-léger du Bourg-Denis (76160)

Dr Michel Lenois

Je lis avec effarement les courriers de confrères décrivant les difficultés quotidiennes des généralistes. On y expose les tracas administratifs multiples, la paperasse envahissante, les horaires démentiels, les demandes excessives des patients et leur manque de reconnaissance, les revenus qui fondent d’année en année.

Ces informations risquent d’être lues par des étudiants en fin d’étude ! Ce n’est pas ainsi que l’on augmentera les installations en libéral et qu’on luttera contre la désertification médicale ! Réclamons la création de la STASI (Service du Travail Ambulatoire de Santé Imposé).

Ce service surveillerait et censurerait les articles subversifs paraissant dans les revues médicales. Les sanctions infligées aux contrevenants persistant à vouloir informer honnêtement seraient bien entendu des périodes de travail obligatoire dans les zones sous-dotées.

L’anorexie mentale, une porte d’entrée dans la schizophrénie ?

Brest

Dr Janine Teyssandier

C’est la question que je me suis posée dans « La vengeance de Pauline, anorexique »*, qui retrace une histoire vraie dont j’ai été le témoin et que j’ai tenu à relater dans ses moindres détails, sous le nom de Janine Le Verge. En tant que médecin, j’aimerais partager avec mes confrères les réflexions que m’inspire cette « anorexie » de Pauline.

Les faits se sont passés vers le début des années soixante, à une époque où la psychiatrie était essentiellement carcérale et où les médicaments psychotropes n’existaient pas encore. Pauline, adolescente atteinte d’anorexie mentale, se retrouva donc internée en clinique psychiatrique et soumise, à l’essai, à un traitement très en vogue à l’époque, une cure de Sakel, c’est-à-dire l’injection quasi quotidienne d’une dose d’insuline destinée à provoquer un coma hypoglycémique de quelques heures chez les malades traités ainsi, et cela pendant trois mois d’affilée.

À l’époque, dans cette clinique, ce traitement était appliqué à tous les malades chroniques, sans distinction de leur pathologie respective, simplement « pour essayer ». Or, plus tard, l’on s’aperçut que cette cure de Sakel ne pouvait donner de résultats, et encore rarement, que dans une seule pathologie, la schizophrénie. Ce traitement pouvait en effet, se montrer efficace à forte dose, si la maladie était prise à son tout début. Mais il fut cependant totalement abandonné car, aux doses efficaces, c’était un traitement dangereux et même susceptible d’entraîner le non-réveil, c’est-à-dire la mort, dans cinq pour cent des cas.

Alors, cette jeune Pauline dont mon livre raconte l’histoire et qui a été totalement guérie, présentait-elle non pas une simple anorexie mentale, mais un début de schizophrénie ? J’aurais tendance à répondre « oui ».

En effet, dans le tableau classique de l’anorexie mentale, l’on trouve toujours une adolescente qui se trouve trop grosse par rapport à ses critères de beauté. Elle veut donc avant tout maigrir et est prête à tout pour atteindre ce but : elle devient une obsédée de la balance. Elle a faim mais s’oblige à ne pas manger. Si jamais elle cède à la tentation, elle se force à vomir. Elle peut même aller jusqu’à mesurer ses urines pour être certaine d’éliminer tout ce qu’elle boit. Et puis parfois elle craque et aux périodes d’anorexie succèdent des périodes de boulimie totalement incontrôlables, pendant lesquelles elle éprouve le besoin de manger n’importe quand, n’importe quoi et, bien sûr, ne se pèse plus. C’est ainsi qu’elle peut prendre vingt kilos en quelques semaines, alors qu’elle venait d’en perdre dix en se privant de nourriture ! Et bien sûr, lorsqu’elle constate cela, le cycle infernal recommence, les périodes d’anorexie alternant avec les périodes de boulimie.

Chez Pauline, il n’y a rien de tout cela. Pauline ne se pèse jamais et elle n’a jamais faim. Elle veut se détruire et assister à sa propre destruction lente et progressive. Elle ne veut pas se suicider. Elle se sent rejetée par les autres et, pour pouvoir accepter ce rejet, sans perdre pour autant sa propre estime d’elle-même, elle s’invente une dualité : en elle, deux personnes cohabitent en permanence. Il y a celle que tout le monde voit et qu’elle-même peut contempler dans le miroir, celle qui est détestable ; et puis, heureusement, il y a l’autre, blottie au plus profond d’elle-même, celle qu’elle est seule à connaître et qui est estimable. C’est la première qu’il faut pouvoir détruire totalement et ainsi, en la privant de nourriture, elle disparaîtra doucement mais sûrement. Et Pauline aura le réconfort de pouvoir assister à cette disparition. Cela ne fait pas du tout partie du tableau classique de l’anorexie mentale, mais se rapproche beaucoup plus d’un début de schizophrénie.

Alors, Pauline n’était-elle pas en train de débuter une schizophrénie sous des allures d’anorexie mentale ? Est-ce que la cure de comas par injection d’insuline aurait pu, dans ce cas, jouer un rôle dans sa totale guérison ? Ces questions, l’on ne peut que se les poser à la lecture de mon livre. Pour moi, elles restent toujours sans réponse…

* Médecin retraité, inscrite au CO du Val-de-Marne

Haro sur le secteur 1

Paris (75)

Dr Hervé Carter

La médecine libérale est née en « secteur 3 ». La CSMF est née en 1928 pour défendre la liberté des médecins.

En 40 ans le secteur 1 a tué la médecine libérale. Le secteur 1 est obsolète. Plus personne ne s’y installera. Les jeunes préféreront le salariat. C’est le secteur 1 qui est responsable des déserts médicaux. Halte à la casse de la médecine libérale.

L’avenir de la médecine libérale passe par la liberté du secteur 2. La liberté ne s’encadre pas. Le secteur 2 doit devenir le secteur normal d’exercice, il est seul à pouvoir attirer les jeunes.

Lâcher la liberté, c’est lâcher la médecine libérale.

Réclamons l’ouverture à tous du secteur 2 pour sauver la médecine qu’aiment les Français.

Enlever la liberté au secteur 2 revient à nationaliser la médecine au pire moment de sa démographie.

D’ailleurs le secteur 1 ne sera correctement revalorisé que si le secteur 2 reste libre. Comme l’État n’en a pas les moyens, le secteur 2 doit devenir la règle et sans aucun encadrement des honoraires. Ceci est de la responsabilité exclusive des médecins.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9180