Courrier des lecteurs

La ROSP contre les médecins

Publié le 09/07/2018
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Depuis le début de l’année, les journalistes de différents quotidiens professionnels nous font part d’une réduction dans les rémunérations pour les ROSP. Les syndicats, mais aussi certains confrères réagissent pour dénoncer cette nouvelle donne qui réduit la rémunération des médecins signataires de la convention.

Si nous reprenons l’histoire de la ROSP, cette rémunération avait pour but de « revaloriser » les praticiens. Les problèmes économiques de notre système de santé ne permettaient pas une revalorisation trop importante des médecins. De ce fait, il avait été décidé de mieux rémunérer les praticiens « vertueux » qui faisaient des économies pour réduire les coûts liés à la prescription de médicaments non génériques… Bref un principe de vase communicant qui réduisait les dépenses des organismes sociaux, et avec ces économies pouvait contribuer à une rémunération plus importante des libéraux.

La médecine libérale, variable d'ajustement

Cependant, au-delà de cette prise en compte, le directeur de la CNAM change de fusil d’épaule en réduisant la valeur de la ROSP car il est probable que le principe de vase communicant induise un trou dans les finances de la sécu et les économies escomptées n’ont pas nécessairement été au rendez-vous.

Tout cela pour dire qu’actuellement la médecine libérale semble devenir une variable d’ajustement pour les organismes sociaux, et qu’elle passe au second plan. Dès lors plusieurs questions peuvent se poser. Pourquoi lorsqu’on étouffe la médecine libérale économiquement est-on étonné de noter la désaffection des jeunes pour cette pratique ? Un tel revirement en ce qui concerne la rémunération des médecins pourrait-il se voir chez les agents de la sécurité Sociale ? En l’absence de propositions pécuniaires (les finances de la Sécurité Sociale semblent être dans le rouge), de quelle façon allons-nous attirer les jeunes dans les déserts médicaux ?

Pour finir, la ROSP est un outil de séduction pour les médecins, mais se révèle aussi une arme redoutable contre les libéraux car elle n’induit pas de rémunération identique voire une revalorisation à terme.

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Dr Pierre Frances, médecin généraliste Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin: 9680