Aide-soignante chez Korian depuis 17 ans, Nadia Boutmar risque 12 000 euros d’amende pour avoir porté un tee-shirt caricaturant le logo et le slogan du groupe. En mars dernier, lors d’une journée de manifestation en faveur des Ehpad, la déléguée syndicale CGT de 64 ans avait remplacé le logo de son entreprise par un doigt d’honneur et son slogan « le soin à cœur » par « le fric à cœur ». Attaquée pour « injure publique » par son employeur, l’aide-soignante de l’Ehpad de Poissy comparaissait hier lundi devant le tribunal de grande instance de Paris. L’audience a été fixée le 8 novembre prochain.
Contacté par « Le Quotidien », Me Emmanuel Daoud, l’avocat de l’entreprise, estime qu’il n’est « pas acceptable que l’on puisse détourner le logo de Korian de façon injurieuse. Car c’est l’entreprise et l’ensemble de ses collaborateurs qui sont mis en cause à travers cette injure. » L’avocat tient à souligner qu’il n’est « pas question de contester l’exercice et l’expression du droit syndical de Mme Boutmar. Mais son choix nous semble illicite, et c’est le tribunal qui en décidera. »
Jointe également par « Le Quotidien », la déléguée syndicale pense le contraire. « Ce n’est pas pour réparer un tort que l’on m’attaque, estime Nadia Boutmar. C’est pour me museler, car j’ose dénoncer la prise en charge des résidents qui ont droit à 4,50 euros par jour pour les repas. » L'aide-soignante indique qu'elle est la troisième déléguée syndicale du groupe attaquée en justice par l’entreprise depuis un an. Accusé de « complicité de diffamation publique envers un particulier », Albert Papadacci, l’ancien chef de cuisine de Korian, a finalement été relaxé, mais le groupe a fait appel. Une déléguée syndicale, Odette Wandji, auxiliaire de vie, est également poursuivie pour diffamation.
L'affaire Orpea n'a rien changé
« Chez Korian, on ne se met pas autour d’une table pour discuter, on assigne directement les salariés en justice pour faire peur aux autres, dénonce Nadia Boutmar. Ils ont de l’argent pour cela, mais il n’y en a pas pour renforcer les équipes ou avoir du matériel adapté. Sur le terrain, c’est le profit avant tout ! Cela n’a rien à voir avec l’image que le groupe essaye de vendre aux familles. Cela fait des années que l’on se bat pour améliorer les conditions de travail. L'affaire Orpea n'a rien changé. »
Korian a été visé cet été par trente plaintes de familles « pour mise en danger de la vie d’autrui et homicide involontaire ».
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