120 à 180 patients par jour, soit un patient toutes les six minutes pendant 15 heures d'affilée… Cette semaine, le Dr Jean-Marc Blanchon, généraliste orléanais, a été placé sous contrôle judiciaire pour fausses déclarations à la CPAM et escroquerie, rapporte France Bleu Orléans. Il sera jugé en avril 2021 devant le tribunal judiciaire d’Orléans.
Le placement sous contrôle judiciaire, ordonné par le juge des libertés, comprend une interdiction d'exercer au moins jusqu'au 22 avril 2021, date de la prochaine audience. Le médecin et son avocat ont contesté cette interdiction d'exercer devant le tribunal judiciaire d'Orléans, qui l'a rejetée. En juillet 2019, le généraliste avait déjà été épinglé et fait de la garde à vue pour les mêmes motifs.
« En pleine épidémie de Covid-19 et de grippe, ce sont 6 000 patients qui se retrouvent sur le carreau », se défend le généraliste à travers son avocat. Il a alerté lors de sa comparution sur « les risques encourus » par ses patients, qui ne pourront plus être suivis faute de médecins dans le département du Loiret, l'un des plus touchés par la désertification médicale. « Dès 8 heures du matin, 30 à 40 personnes faisaient la queue devant son cabinet, parce qu'il est le seul à les prendre sans rendez-vous », insiste son conseil, cité par la radio locale. Entre 2015 et 2020, il aurait ainsi reçu 200 000 patients.
72 patients par jour en compromis
Le médecin de famille a proposé au tribunal un compromis, rejeté : reprendre ses fonctions, tout en s’engageant à ne pas recevoir plus de « 72 patients par jour » – la limite fixée par la caisse primaire entre une activité normale et frauduleuse – en s’occupant essentiellement des cas les plus graves.
La semaine dernière, Jean-Marc Blanchon a déjà été condamné à verser 20 000 euros aux parties civiles, dont fait partie le conseil de l'Ordre départemental. Plusieurs de ses biens ont été saisis, pour une somme estimée à 800 000 euros.
En 2019, le médecin avait expliqué dans « La République du Centre » avoir écrit au directeur de sa CPAM pour lui expliquer que les médecins partaient et qu'il voyait beaucoup de patients sans rendez-vous. « Je voulais qu’on me donne une solution, comme faire venir d’autres médecins par exemple. J’avais alerté. Je n’avais eu aucune réponse », racontait-il.
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