Comparaissant pour « avoir coordonné des prélèvements sanguins » lors de manifestations de Gilets jaunes en 2019, deux médecins et un professeur de lycée ont été relaxés hier jeudi par le tribunal de Paris. La Dr Josiane Clépier, médecin généraliste, la Dr Christiane Blondin, ophtalmologiste, et Alexander Samuel, enseignant dans un lycée technique et docteur en biologie moléculaire, étaient accusés d'avoir voulu démontrer, par des prises de sang, les dangers du gaz lacrymogène. Ils avaient notamment cherché à mettre en évidence des traces de cyanure.
Dans un premier temps, le parquet avait ouvert en 2019 une enquête pour violence volontaire aggravée et mise en danger de la vie d’autrui. Des photos et vidéos, partielles et hors contexte étaient « diffusées abondamment, laissant penser à des prélèvements sauvages. Sur les réseaux sociaux, ils étaient qualifiés de suceurs de sang, de quasi vampires », selon le média en ligne « StreetPress ».
La poursuite initiale a, par la suite, été requalifiée. Les trois personnes ont finalement été poursuivies pour avoir enfreint un article du Code de la santé publique : avoir pratiqué une recherche impliquant la personne humaine, sans avis favorable du Comité de protection des personnes (CPP).
Contacté par « Le Quotidien », l’avocat des trois accusés, Me Éric Morain se réjouit de cette « belle victoire. C’est une grande satisfaction, quand on voit les tombereaux de haine, d’injures et de menaces que ce sont pris ces personnes ». Et d’expliquer que le tribunal avait considéré que ces prises de sang ne relevaient pas « de la recherche biomédicale, au sens de la loi, en s’appuyant sur les travaux préparatoires parlementaires qui ont créé cette infraction dans le code de la santé publique ». D’autre part, les prélèvements avaient été « faits dans les règles de l’art (consentement, etc.) par des médecins, et non par Alexander Samuel ».
Infamie professionnelle
Avec le recul, l’avocat estime que « certains ont voulu monter cette affaire en épingle ». Car, au final, une seule personne prélevée s’est constituée partie civile, et elle « n’a même pas eu la politesse de se présenter à l’audience ». Mais cette « grosse bulle médiatique » a laissé des traces chez les prévenus, notamment chez les deux médecins qui auraient été « très perturbés par l’affaire». « La médecine, c’est toute leur vie, il y avait quelque chose de profondément infamant de se retrouver sur les bancs d’un tribunal correctionnel », observe Me Morain.
La démarche de ses clients est considérée comme « éminemment légitime » par l’avocat. Selon lui, durant les manifestations des Gilets jaunes, il y a eu « une production et un envoi de gaz lacrymogènes que l’on avait rarement connu ces dernières années. C’est peut-être légal, mais il y avait un vrai souci sur ce que ces gaz contenaient, notamment les effets du cyanure ».
La relaxe n’est pas définitive car le parquet a dix jours pour faire appel. Un dernier prévenu, un anesthésiste belge, le Dr Renaud Fiévet, est décédé entre-temps.
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