Un psychanalyste poursuivi pour abus de faiblesse

Publié le 20/10/2015
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Un psychanalyste de 70 ans est jugé à partir de mercredi par le tribunal correctionnel d’Albertville (Savoie) pour abus de faiblesse de patients en vue d’obtenir des relations sexuelles ou de l’argent.

Placé en garde à vue en 2010, l’homme « a reconnu avoir incité ses patients à avoir des relations sexuelles non protégées et à s’adonner à des pratiques sadomasochistes », souligne l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI), qui a contribué à révéler l’affaire. L’association qualifie le prévenu de « gourou » et de « pseudo-thérapeute ».

« Il prétendait que ces séances, auxquelles il participait parfois, les empêcheraient de tomber dans la prostitution... Il a également induit de faux souvenirs d’inceste chez ses victimes, provoquant des dommages collatéraux dans les familles concernées par ces fausses allégations », ajoute-t-elle.

Une torture selon certains patients

Durant l’instruction, 72 victimes ont été identifiées, notamment dans « le monde enseignant », et dix-neuf d’entre elles se sont portées parties civiles, selon le parquet d’Albertville. Les faits se sont produits de 2007 à 2010 dans son cabinet à Ugine (Savoie), mais aussi à Cuers (Var), où l’accusé dispensait des formations pour permettre à ses patients de devenir thérapeutes dans le cadre de la Société française des analystes praticiens jungiens (SFAPJ).

« Pour certains patients, ça a dérivé en torture », a affirmé à l’AFP Me Roselyne Duvouldy, avocate de plusieurs parties civiles. Le psychanalyste « exerçait son activité au vu et au su de tout le monde depuis 1996 », a rétorqué son avocat Me Max Joly.

« Certains patients ont été satisfaits de la thérapie », a-t-il souligné, ajoutant que son client reconnaissait « les faits mais pas les infractions ». « Pour qu’il y ait une infraction, il faut qu’il y ait conscience de la commettre », a affirmé l’avocat, en soulignant qu’on ne reprochait à son client ni agression sexuelle ni escroquerie. L’accusé était parti depuis 2010 s’installer en Suisse, en infraction de son contrôle judiciaire. Il a été placé en détention provisoire il y a six mois. Le procès doit se terminer vendredi.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr