Courrier des lecteurs

L'été sera très chaud !

Publié le 13/07/2023
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À l’approche de l’été les différents membres de l’exécutif sont restés quelque peu muets en ce qui concerne leurs prévisions concernant la prise en charge des patients. Il y a un an le ministre de la Santé était sur le pont pour nous dire qu’il n’y aurait pas de fermeture d’unités d’urgence durant la saison estivale.

Cette année nous sommes quelque peu surpris du silence de l’exécutif.

Cependant des manœuvres anticipatoires ont été mises en place par les centres hospitaliers pour éviter une fréquentation des urgences par les patients.

Ainsi dans notre département pour réduire le flux trop important de touristes (nous sommes dans une zone très fréquentée l’été), les responsables ont pris l’initiative de refuser les patients qui n’avaient pas été orientés par le 15.

Toute ambulance qui aborde le service des urgences sans y être invitée sera systématiquement refoulée.

Des libéraux toujours sur le pont

Cette mesure va être assez dissuasive pour les patients qui vont se tourner vers les libéraux en désespoir de cause (certains n’auront pas la chance de trouver un confrère disponible). Cependant on oublie trop souvent que cette catégorie de professionnels est déjà surchargée par un travail démesuré.

Qu’importe pour nos politiques, il faut bien sacrifier certains soignants sur l’autel de la « salubrité publique ».

Cette manière de pratiquer est d’autant plus insultante que les généralistes libéraux ne sont toujours pas revalorisés. De plus, en cas d’envoi de patients aux urgences, les libéraux devront perdre du temps pour contacter le régulateur qui aura le droit d’accepter ou de refuser le patient en fonction de son humeur (elle est parfois très changeante).

Par voie de conséquence, il faudra une nouvelle fois que le généraliste (c’est le soignant le plus souvent concerné dans ce cas de figure) avale sa salive en cas de refus pas nécessairement justifié.

On se moque complètement de savoir si les libéraux sont ou non en vacances. Ceux qui restent sur le pont en sacrifiant leurs congés vont devoir absorber le flux de patients souhaitant consulter.

Et oui, une fois de plus une catégorie de professionnels est méprisée, et jamais récompensée à sa juste valeur. De toute manière on ne va jamais louer les actions de ces professionnels qui travaillent bien plus que 35 heures ; après tout ils s’en mettent plein les poches. La Cour des comptes, la Cnam, les journalistes ne se gênent pas par ailleurs pour les critiquer.

Nous verrons à la fin de la saison estivale de quelle manière les Français en demande de soins ont été pris en charge.

J'aimerais par mon billet souhaiter de bonnes vacances à mes confrères libéraux qui ne déméritent pas et sont souvent actifs du fait d’un humanisme ancré dans leurs tripes.

Ils ont autant besoin de repos, tout comme que les autres catégories professionnelles qui, eux, n’ont pas de scrupule à partir en vacances.

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Pierre Francès Médecin généraliste, Banyuls-sur-Mer (66)

Source : lequotidiendumedecin.fr