Éditorial

Négos : tout ou rien ?

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Publié le 24/11/2023
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Un revers mais pas deux ! Depuis l'ouverture d'une nouvelle salve de négociations conventionnelles entre l'Assurance-maladie et les syndicats de médecins libéraux, le 15 novembre, toutes les parties prenantes le disent : pas question de renouveler le fiasco de février 2023, qui s'est soldé, faute d'accord, par l'application du règlement arbitral et par une petite revalorisation de 1,50 euro de la consultation de base. « Nous sortons d’un échec et je considère que nous ne pouvons pas collectivement nous en permettre un second », a même averti le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, dans nos pages, quelques semaines avant le début des hostilités.

Conviés à la table de Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam et hôte des discussions, les médecins ont concédé, chacun avec leur sensibilité, la nécessité de s'entendre. Lors de la première réunion, « nous étions animés de part et d’autre de la volonté de bien faire et de réussir », s’est réjoui le Dr Franck Devulder, président de la CSMF. Même son de cloche à MG France, qui espère « donner un nouvel essor à l’accès aux soins pour tous ainsi que des perspectives d’avenir aux médecins de notre pays ».

Nouvelle lettre de cadrage, nouvelle méthode… L’Assurance-maladie a elle aussi fait son aggiornamento, affichant sa volonté de repartir sur de nouvelles bases, plus saines. Cette fois-ci, la transparence sera de mise, l'ambiance plus légère. À la sortie de ces retrouvailles, les syndicats l'ont constaté : l'atmosphère, il est vrai, était plus apaisée. 

Les planètes sont donc alignées… sur le papier. Car si les règles du jeu ont évolué, est-ce le cas de l'état d'esprit des médecins ? Beaucoup ont encore en tête l'« humiliation » de la précédente tentative de revalorisation du C. Thomas Fatôme, lui, navigue en terrain budgétaire contraint. De l’aveu même du ministre, les négociations seront « difficiles ». 

De part et d'autre, négocier ne veut en aucun cas dire capituler. Le ministère comme la Caisse ont beau montrer des signes d'ouverture encourageants pour la profession, les contreparties ne vont pas tarder à faire leur apparition dans les négociations. Au menu : accès aux soins territorial et financier, attractivité de la médecine libérale, qualité et pertinence des soins, et enfin modes de rémunération. Où se cache le loup ?

Dans cette partie de cache-cache, les seize réunions programmées par la Cnam ne seront pas de trop pour fixer les nouvelles règles du jeu de l'exercice libéral pour les cinq ans à venir. Thomas Fatôme a été clair : « Soit on aura un accord sur tous ces sujets, soit il n’y aura pas d’accord ». À suivre…


Source : Le Quotidien du médecin