Courrier des lecteurs

Une société un peu trop individualiste

Publié le 30/06/2023
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Il y a quelques jours de cela je me suis heurté à un manque total de respect de la part d’une famille en vacances dans notre cité touristique. Ce type de comportement nous le vivons régulièrement au sein de nos cabinets médicaux au sein desquels de nombreux patients nous manquent de respect.

Ainsi, certains profitent de la sortie de la dernière consultation de la matinée vers 12 h 30 pour pénétrer dans le cabinet. Tout aussi inconvenant est l’attitude de certaines personnes qui s’imaginent que nous sommes à leur service et devons accepter de les servir sur-le-champ (cas des dossiers MDPH qui seront instruits pourtant six mois plus tard, cas de certificat pour la pratique d’un sport commencé depuis quelques semaines, et réclamé avec insistance…).

Quelques lueurs d’espoir dans ce monde très individualiste

En reprenant un article diffusé sur le site du Quotidien du Médecin concernant une consœur âgée de 85 ans, article très largement commenté, nous voyons que certains confrères restent très attachés aux valeurs de notre société. Ils ont l’amour de leur métier chevillé au corps.

Il est vrai qu’il est parfois agréable d’être reconnu ou apprécié par les patients que vous chérissez (ego surdimensionné… pas nécessairement). De plus en tant que professionnels de santé, nombreux sont les collègues qui ont en tête le sens du devoir vis-à-vis de leurs patients. Ils assurent avec dévouement leurs missions, et cela avec un zèle hors du commun.

Parallèlement certains soignants s’investissent (c’est mon cas) en prenant en charge les étudiants en médecine qui ont des problématiques psychologiques ou financières. Cette charge est bien entendu plutôt anecdotique, mais au fil du temps je prends conscience qu’elle se majore, cela vient probablement du fait que le monde actuel ne prend plus en compte les femmes et les hommes en difficulté.

Nombreux confrères, ce que je comprends fort bien, se mettent en retrait pour éviter une trop importante pression tant sur un plan professionnel qu’individuel.

Néanmoins nous sommes avant tout des êtres humains qui veulent aider notre prochain.

C’est ainsi qu’il y a quelques mois de cela une bonne âme de l’université (il s’agissait d’un enseignant) m’a envoyé un étudiant isolé, et en grande difficulté psychologique et financière. J’ai été grandement surpris par sa sensibilité et son histoire de vie très triste. C’est alors que je me suis dit qu’il avait besoin d’écoute, et d’aide ; ce que je me suis empressé de lui procurer. Avec étonnement je me suis rendu compte qu’il s’est ouvert avec une franchise déconcertante comme une fleur qui vient juste d’éclore.

Cette situation m’a permis de faire une étude introspective sur moi-même afin de mieux comprendre mon utilité vis-à-vis des autres. Une telle prise de contact a été pour moi révélatrice d’une nécessaire volonté de ne plus regarder uniquement mon nombril, mais avoir de la compassion, écouter et prendre en compte la détresse de celui qui en a besoin.

C’est de cette manière qu’il est possible de s’ouvrir sur le monde pour avoir une sensation de plénitude et de satisfaction.

« L’individualisme est comme le vent qui anime un brasier, mais qui éteint une chandelle », Étienne Parent.

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Pierre Francès Médecin généraliste, Banyuls-sur-Mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin