« Tout professionnel du secteur social et médico-social doit être prêt à accompagner les personnes rencontrant des difficultés liées à une consommation de substances psychoactives licites ou illicites et/ou à un usage de jeux (d'argent et de hasard, vidéo) », rappelle la Haute Autorité de santé (HAS), à l'occasion de recommandations sur les addictions publiées le 25 janvier. Ces documents s'adressent aux professionnels des établissements et services du secteur social et médico-social (ESSMS), qu’ils exercent dans les secteurs du handicap, des personnes âgées, de l'inclusion sociale ou de la protection de l'enfance.
Ces professionnels, non spécialisés en addictologie, « peuvent se sentir démunis » face à des usages auxquels ils sont confrontés, « en particulier parce que les personnes accompagnées présentent divers facteurs de risque : isolement, précarité, maltraitance, parcours migratoire, perte d'autonomie, etc. ».
Engager les structures dans la prévention
La HAS a identifié plusieurs leviers. Il s’agit d’abord, explique un communiqué « d'engager la structure dans la prévention, le repérage et l'accompagnement des conduites addictives, tout en proposant un cadre d'accompagnement protecteur ». Cet engagement, via une équipe pluridisciplinaire, doit permettre de répondre à plusieurs questionnements : « comment aborder les addictions avec les personnes concernées ? Comment réagir face aux comportements addictifs et quelles actions enclencher ? Comment gérer la cohabitation entre personnes consommatrices et non consommatrices ? Comment trouver un équilibre entre droits des personnes et devoir de protection ? », est-il listé.
La prévention peut d’abord passer par une documentation ciblée et des actions de sensibilisation. La question des addictions est à aborder dès le départ dans un « climat de confiance ». L’enjeu est ensuite de « co-définir » un accompagnement adapté aux besoins et aux souhaits de chaque personne. « Que la personne souhaite ou non entrer dans une démarche de changement et de réduction de l'addiction, il est nécessaire de mettre en place une sécurisation des consommations plutôt qu'une interdiction », est-il précisé. Ces accompagnements individualisés doivent être l’objet d’un suivi et d’une action « auprès de l’entourage lorsqu’il est présent ».
Des déclinaisons par secteur
Ces recommandations sont déclinées pour les quatre secteurs concernés : protection de l'enfance, personnes en situation de handicap, personnes âgées en Ehpad, inclusion sociale. En protection de l’enfance, l’enjeu relève surtout de la prévention, alors que cette population est « particulièrement exposée aux conduites addictives », concentrées sur l'alcool, le tabac et le cannabis. « Pour être efficaces, il est recommandé aux professionnels de prendre en considération les spécificités de ce jeune public et le rôle de l'entourage, dont l'implication peut s'avérer déterminante », indique la HAS. Les professionnels sont également invités à prendre en compte les facteurs de risque d’une initiation précoce (maltraitance, modèle des parents, de l'entourage familial et amical, etc.) et à trouver « un équilibre entre écoute, sanction et gestion des événements problématiques ».
Pour les personnes en situation de handicap, dont la consommation de tabac, d'alcool, de médicaments et de substances psychoactives illicites est plus forte que celle de la population générale, l’accompagnement, nécessairement personnalisé, doit s’appuyer sur l’entourage. Chez les personnes âgées en Ehpad, les addictions portent surtout sur des produits légaux (alcool, psychotropes, tabac). L’accompagnement doit aussi impliquer l’entourage et s’appuyer sur des outils adaptés aux particularités sensorielles et cognitives.
Consommation encadrée plutôt que cachée
Pour les usagers du secteur de l'inclusion sociale, une population en grande précarité qui connaît également des consommations plus fréquentes qu’en population générale, la HAS recommande « de lever l'interdiction des produits licites ». Pour l’alcool par exemple, plusieurs méthodologies permettent l'accueil et l'accompagnement des consommations.
Au niveau local, des expériences allant de la délivrance d'alcool à la cogestion des consommations ont permis de favoriser « une consommation encadrée plutôt que cachée » et de « limiter les évènements d'hyperconsommation et leurs conséquences : rupture de dialogue, bagarres, etc. ». Des recommandations sont proposées pour « accompagner les professionnels dans cet important changement de posture et de pratiques ».
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