L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte ce 8 juillet sur la circulation en France de nouveaux opioïdes de synthèse, les nitazènes, « particulièrement dangereux car plus puissants que d’autres opioïdes ». Ils seraient ainsi 500 fois plus forts que la morphine.
« Compte tenu de ces risques, et dans un contexte où les mouvements de population estivaux vont être très importants en France, les autorités ont décidé l’inscription de ces composés sur la liste des stupéfiants », indique l’agence du médicament. Par conséquent, la production, la vente et l’usage des nitazènes sont interdits dès le 9 juillet.
L'Organisation des Nations unies a alerté le 26 juin, dans un rapport, sur l'émergence de ce nouveau groupe de drogues de synthèse potentiellement plus puissantes que le dévastateur fentanyl. Alors qu’en Angleterre et en Europe de l’Est, plusieurs dizaines de décès en lien avec des nitazènes ont déjà été rapportées, en France, un premier cluster de cas a été identifié par le réseau d’addictovigilance au début 2023 et deux cas de décès ont été notifiés.
Risque d’overdoses fortes et brutales
Ces substances, nommées aussi « dérivés benzimidazolés » et présentées sous forme de poudre, comprimé ou liquide, sont utilisées principalement pour soulager la douleur, comme la morphine ou le fentanyl, qui font aussi l’objet d’un marché et d’une consommation illicites.
Leur consommation peut provoquer des overdoses associant des troubles de la conscience, une dépression respiratoire et un myosis. Particularité : les overdoses « peuvent survenir brutalement, dans un délai très court après la prise, et entraîner une mise en jeu du pronostic vital, du fait de leur puissance », avertit l'agence. Les signes d’overdose peuvent également se manifester plusieurs heures après, la somnolence pouvant aller jusqu’au coma et entraîner un décès, détaille l'ANSM.
L’usage chronique des nitazènes expose également à un risque de tolérance (avec nécessité d’augmenter les doses pour obtenir les effets recherchés) et de dépendance, comme avec tous les opioïdes. De manière préventive, il est recommandé pour les usagers et/ou leur entourage d’avoir à disposition un ou plusieurs kits de naloxone, indique l’ANSM. La dose nécessaire d’antidote à utiliser peut être toutefois supérieure à celle administrée pour d’autres opioïdes, précise-t-elle.
Une détection spécifique
Les nitazènes ne sont pas détectables par un dépistage urinaire classique (que ce soit par immunochimie ou criblage chromatographique de première intention). Il faut utiliser des techniques séparatives chromatographiques adaptées, poursuit l’ANSM. De plus, la présence d’héroïne, qui peut positiver le dépistage immunochimique opiacé, n’exclut pas celle d’un nitazène associé dans le produit consommé – à évoquer surtout lorsque les doses usuelles de naloxone semblent inefficaces.
En cas de suspicion de prise de nitazène, il faut contacter le centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) pour faire rapidement des recherches toxicologiques dans le sang et/ou les urines. Enfin, tout professionnel de santé qui a connaissance d’un cas grave lié à un abus et/ou une dépendance et/ou un usage détourné d’une substance, plante, produit ayant un effet psychoactif doit le déclarer sans délai sur le portail signalement-sante.gouv.fr.
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