La Convention-cadre de l’OMS a été élaborée à l’initiative de l’ancienne directrice générale de l’OMS, Gro Harlem Brundtland, face à la mondialisation de l’épidémie de tabagisme, favorisée par de nombreux facteurs, tels que la libéralisation des échanges commerciaux et les investissements étrangers directs, la commercialisation au niveau mondial, les activités transnationales de publicité, de promotion et de parrainage.
L’article 5.3 de cette convention-cadre stipule qu’« en définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac, conformément à la législation nationale. » Elle définit ainsi quatre principes directeurs. Le premier rappelle qu’il y a un conflit fondamental et inconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et ceux de la santé publique. L’industrie du tabac assure en effet la production et la promotion d’un produit « dont il est avéré scientifiquement qu’il crée une dépendance, qu’il provoque des maladies et des décès et qu’il est à l’origine de divers maux sociaux, notamment la paupérisation. »
Le deuxième indique que, face à l’industrie du tabac ou à ceux qui s’attachent à promouvoir ses intérêts, les parties signataires devraient être responsables de leurs actes et agir dans la transparence.
Troisième principe : les parties devraient exiger de l’industrie du tabac et de ceux qui s’attachent à promouvoir ses intérêts qu’ils travaillent et agissent de manière responsable et transparente.
Enfin, quatrième principe : parce que ses produits sont mortels, l’industrie du tabac ne devrait pas recevoir d’incitations pour mettre en place ou poursuivre ses activités.
L’industrie instrumentalise la notion de réduction du risque
Emmanuelle Béguinot
Des tentatives de reconquête
« Cet article 5.3 s’impose aux pays partis du traité. Pour en contrer l’application, qui exclut l’industrie du tabac à la table de décisions des politiques publiques, celle-ci déploie toute une stratégie de reconquête. Elle propose notamment de nouveaux produits, en instrumentalisant la notion de réduction de risque, dénonce Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national de lutte contre le tabagisme, avant de rappeler que l’industrie du tabac est le premier obstacle à la lutte contre le tabagisme dans l’ensemble des pays. Les mesures efficaces existent, il faut veiller à les mettre en œuvre. »
Au cinéma, rien ne bouge
Si la Loi Evin de 1991 a interdit la publicité pour le tabac en général, elle n’a pas interdit sa présence dans les films, dès lors que le but ou l’effet de cette communication n’est pas « de nature publicitaire ».
Selon une enquête de la Ligue contre le cancer, le tabac était représenté dans 80 % des films en 2012, pendant une durée moyenne de 2,4 minutes par film. Et, depuis, la situation a peu évolué puisque les enquêtes menées entre 2021 et 2024 retrouvent la présence de tabac dans 90 % des films, pour une durée moyenne de 2,6 minutes, soit l’équivalent de six spots publicitaires par film.
L’équivalent de six spots publicitaires par film
Or, la présence de tabac sur les écrans, fortement associée à des qualités positives comme la confiance en soi ou l’indépendance, incite à fumer ou à reprendre le tabagisme. Il est établi que les jeunes âgés de 10 à 14 ans souvent exposés au tabac sur les écrans ont un risque 2,6 plus élevé de commencer à fumer, comparativement à des jeunes non exposés. Et, selon une étude de 2014, la présence du tabagisme dans les films expliquerait 37 % de l’initiation à la cigarette. Des données qui doivent être mises en parallèle avec une augmentation du temps passé devant les écrans pour deux tiers des jeunes.
Entretien avec le Dr Gérard Peiffer, CHR Metz-Thionville, co-intervenant aux côtés d’Emmanuel Ricard (Ligue contre le cancer) [Paris], Nathalie Lajzerowicz (Bordeaux), et Olivier Galera (Toulouse)
Entretien avec Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national de lutte contre le tabagisme
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