En ouverture de sa 62e session annuelle, l'office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) a adopté hier une déclaration signée par 30 ministres des Affaires étrangères visant à « accélérer l'implémentation et l'engagement pour contrer le problème global de la consommation de drogue ». Elle a été fraîchement accueillie par les milieux associatifs.
Le directeur exécutif de l'UNODC, le russe Yuri Viktorovich Fedotov, espère que cette déclaration introduit « des fondations solides pour une action collective ». Elle propose notamment de renforcer les capacités de détection médico-légale des drogues de synthèse, le contrôle des précurseurs employés pour les produire, et propose des mesures pour prévenir la transmission du VIH chez les femmes consommatrices de drogues injectables.
La déclaration a été accueillie fraîchement par les ONG engagées dans la lutte contre la toxicomanie, qui reprochent à l'agence onusienne de ne pas avoir pris de position claire contre la répression dont font l'objet les consommateurs de drogues dans plusieurs pays dont la Fédération de Russie et les Philippines. Plus de 10 000 consommateurs et trafiquants de drogues supposés y sont exécutés chaque année, souvent dans un cadre extrajudiciaire, selon les chiffres du gouvernement philippin. Ainsi, la plateforme interassociative française relative aux politiques internationales sur les drogues estime que cette déclaration « poursuit la voie d’une politique non seulement vouée à l’échec, mais dont les conséquences sont désastreuses ».
Les associations vent debout contre le « tout pénal »
Les associations demandent depuis longtemps que l'UNODC adopte une position claire contre la lourde pénalisation des consommateurs de drogues. Si certains pays sont en faveur d'une telle évolution, d'autres comme la Fédération de Russie, y sont opposés. Pour la plateforme interassociative française, l'orientation répressive de la lutte contre la consommation de drogue est responsable « d'un demi-million de morts par an d’overdoses et de maladies évitables, des violations systématiques des droits humains », et d'une hausse continue de la consommation, de la production et du chiffre d’affaires du crime organisé (autour de 500 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an). « La Déclaration n'inclut pas explicitement un objectif visant à réduire les violations des droits humains commises au nom du contrôle des drogues », insiste les associatifs.
Toutefois, la plateforme salue quelques avancées : l'inclusion d’objectifs axés sur l'amélioration de la disponibilité des médicaments sous contrôle, la promotion des alternatives à l’emprisonnement pour usage, l'amélioration de l'accès aux services de réduction des risques.
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