Ouverte il y a tout juste un an, le 7 novembre 2016, à Strasbourg, la seconde « salle de consommation à moindre risque » française, a répondu, selon la municipalité et l’association qui la gèrent, aux objectifs de santé publique que s’étaient fixés ses initiateurs.
Installée dans un ancien bâtiment de chirurgie au cœur de l’hôpital du centre-ville, la salle strasbourgeoise « Argos » comptait, au 31 octobre dernier, près de 400 inscrits dont 254 usagers de l’espace de consommation, avec parmi eux, un quart de femmes. La moitié des utilisateurs bénéficient d’un traitement de substitution aux opiacés, et près de 90 % des consommateurs ont recours aux injections.
Ce chiffre montre, selon le Dr Alexandre Feltz, adjoint au maire chargé de la santé, que la salle a répondu à son objectif d’attirer, justement, les personnes les plus à risque, de surcroît éloignées des professionnels et des services de santé. En effet, les consommateurs, qui amènent tous leurs produits sur place, peuvent y trouver des professionnels aptes à les orienter, s’ils le souhaitent, vers une démarche de soins, tandis que différents dépistages, ainsi que des FibroScan, leurs sont proposés.
Découverte de 13 sérologies VHC+
Treize sérologies VHC+ ont été découvertes lors de ces dépistages. En outre, 88 000 seringues ont été délivrées dans le cadre du programme d’échanges de seringues depuis l’ouverture. Plus d’une centaine d’utilisateurs ont été orientés vers la médecine générale ou des structures de type psychiatrique ou d’addictologie, beaucoup d’entre eux admettant qu’ils ignoraient, avant leur passage par Argos, que ces professionnels étaient disponibles pour les aider.
Autre motif de satisfaction, l’ouverture de la salle, n’a occasionné ni troubles ni incidents avec le voisinage. Contrairement d’ailleurs à ce qui s’était passé à Paris avant l'ouverture de la salle en octobre 2016, aucune opposition notable n’avait été exprimée à Strasbourg en raison de telles craintes. Enfin, seules quatre overdoses, sans séquelles, ont nécessité l’intervention des secours durant cette première année de fonctionnement.
Projet de « lits halte santé »
Aujourd’hui, la ville et l’association Ithaque, qui assure le fonctionnement d’Argos, veulent compléter la structure par l’ouverture de « lits halte santé » qui, installés au premier étage du bâtiment, permettraient aux utilisateurs qui le souhaitent de séjourner sur place pour entreprendre un traitement, notamment de l’hépatite C. En effet, 20 % des utilisateurs de la salle présentent une sérologie positive au VHC, tandis que 2,5 % présentent un VHB positif, et 1,3 % un VIH.
En outre, la municipalité souhaite lancer un « réseau » national et européen des salles de consommation à moindre risque, dont la situation légale – et l’acceptation – varie fortement d’un pays à l’autre. Enfin, la salle Argos participe, avec son homologue parisienne, à l’étude « Cosinus » menée par l’INSERM, et destinée à évaluer l’ensemble des avantages de ces structures, afin d’en faciliter la pérennisation. En France, Bordeaux et Marseille sont actuellement sur les rangs pour se doter, elles aussi, d’une salle comparable.
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