À l'occasion de la journée internationale de sensibilisation aux surdoses, la Fédération Addiction appelle les pouvoirs publics à adopter trois mesures : généraliser l'accès à la naloxone, ouvrir de nouveaux espaces de consommation sécurisée et supprimer les sanctions pénales pour la consommation de drogues. « Ces trois mesures sont toutes susceptibles de réduire le nombre de morts par surdose dans notre pays. Elles doivent s’articuler avec une stratégie globale de santé incluant l’analyse de produits et des actions de prévention et de réduction des risques auprès du public consommateur de drogues », écrit la Fédération.
Administrée précocement, la naloxone, cet antidote contre les overdoses d'opiacés, pourrait éviter quatre décès par surdose sur cinq. En injection intramusculaire sans ordonnance (Prenoxad) ou en spray nasal (Nyxoïd) sur ordonnance, elle est aujourd'hui disponible à l'hôpital, mais aussi en centres spécialisés (Csapa*, Caarud**) et en pharmacies d'officine.
Mais la Fédération Addiction demande un accès élargi via sa délivrance automatique avec les prescriptions de médicaments opioïdes, comme l'a préconisé la Haute Autorité de santé, et une accessibilité de toutes les formes de naloxone en pharmacie, sans prescription. La Fédération Addiction salue d'ailleurs l’arrivée en octobre de Ventizolve, spécialité de naloxone par voie nasale, qui sera disponible sans prescription.
Elle plaide encore pour une meilleure sensibilisation des professionnels d'urgence (pompiers, Samu, policiers, opérateurs de premiers secours…), rejoignant encore les recommandations de la Haute Autorité de santé, et du grand public.
Critique contre la politique répressive
La Fédération invite ensuite le nouveau ministre de la Santé Aurélien Rousseau à se pencher sur le chantier des haltes soins addictions, anciennement « salles de consommation à moindre risque », dont le cahier des charges a été publié en mars 2022. Il n'en existe que deux en France, à Paris et Strasbourg, contre 80 en Europe. « Des besoins existent en Île-de-France et dans de nombreuses autres villes : les professionnels sont prêts à mener ces projets qui n’attendent que l’autorisation des pouvoirs publics », lit-on.
Enfin, la Fédération Addiction réitère ses critiques à l'égard de la législation sur les stupéfiants et demande la fin des sanctions pénales pour simple consommation, qui, aujourd'hui, est un délit passible d’une peine d’un an de prison et de 3 750 euros d’amende. « Cette politique de répression a des conséquences concrètes sur la santé des personnes », dénoncent les spécialistes, incitant à signer la pétition sur le site de l'Assemblée nationale, en faveur d'une proposition de loi supprimant ces sanctions.
* centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie
** centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues
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