« La combinaison d’une thérapie ciblée (inhibiteur de tyrosine kinase, ITK) et de l’immunothérapie (anticorps anti-PD1) est la première avancée significative depuis 40 ans dans le traitement du cancer de l’endomètre avancé ou récidivant », souligne la Pr Isabelle Ray-Coquard du Centre Léon Bérard à Lyon.
En France, le cancer de l’endomètre est le cancer le plus fréquent de l’appareil reproducteur féminin et la quatrième cause de cancer chez la femme. L’âge moyen des femmes au moment du diagnostic est de 69 ans. Il est associé à plusieurs facteurs de risque dont l’obésité, le diabète, la génétique ou l’hyperestrogénie.
« Au premier stade de la maladie, le cancer de l’endomètre est plutôt de bon pronostic. En revanche, au stade avancé et/ou métastatique (stade FIGO IV), le pronostic reste sombre avec une survie à cinq ans de 5 % », rappelle la spécialiste. Chez les patientes en stade avancé ou récidivant, dont la maladie progresse pendant ou suite à une chimiothérapie antérieure à base de sels de platine reçue quel que soit le stade, et qui ne sont pas éligibles à une chirurgie curative ou à une radiothérapie, il n’existait pas jusqu’alors de traitement adapté.
Réduction du risque de décès de 38 % par rapport à la chimiothérapie
Les résultats de l’étude pivotale (essai 309-Keynote-775) [1], multicentrique, de phase 3, menée chez 827 patientes, ont démontré que l’association lenvatinib et pembrolizumab améliore significativement la survie sans progression et la survie globale versus la chimiothérapie seule (au choix de l’investigateur) : le risque de progression ou de décès était significativement réduit de 44 % versus la chimiothérapie et le risque de décès de 38 % versus la chimiothérapie.
Aucune différence substantielle n’a été observée sur les échelles de qualité de vie entre les deux groupes. Les principaux effets indésirables d’intérêt particulier associés au lenvatinib sont l’hypothyroïdie, l’hypertension artérielle, l’hépatotoxicité, la protéinurie, le syndrome main-pied. Pour le pembrolizumab, sont rapportés l’hypothyroïdie, plus rarement l’hyperthyroïdie et la colite. Ils nécessitent une surveillance particulière pendant le traitement.
Lenvima (voie orale) et Keytruda (voie intraveineuse) sont des médicaments soumis à prescription hospitalière et réservés à l’usage hospitalier. L’accès se fait via une plateforme électronique.
Par cette avancée, les deux laboratoires Eisai et MSD concrétisent leur toute récente alliance combinant leur expertise en oncologie et leur présence dans de nombreux pays afin de mettre à disposition des patients atteints de cancer des traitements innovants.
L’association lenvatinib + pembrolizumab dispose d’ores et déjà d’un programme de développement clinique étendu comprenant treize indications potentielles dans neuf types de tumeurs, notamment dans le cancer du poumon non à petites cellules, le carcinome hépatocellulaire, le cancer de la tête et du cou, le cancer de la vessie et le mélanome.
Conférence de presse des laboratoires Eisai et MSD
(1) Makker V et al. New Engl J Med, février 2022. doi: 10.1056/NEJMoa2108330.
*https://ap-lenvima-keytruda.clinfile.com
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