Le fardeau du cancer du col de l'utérus reste élevé dans de nombreux pays, alerte une étude observationnelle parue dans le « Lancet Global Health ». Pour atteindre l'objectif d'élimination de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour 2030, les auteurs appellent à une intensification des actions pour améliorer les programmes de dépistage, la couverture vaccinale contre le HPV ainsi que l'accès à des traitements abordables.
« Grâce à la vaccination contre le HPV et aux technologies de dépistage, le cancer du col de l'utérus est désormais largement évitable, souligne Deependra Singh du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), premier auteur. Partout dans le monde, les femmes devraient être libérées du risque de cancer évitable : nous disposons des outils pour faire de cet objectif une réalité. »
Les auteurs se sont appuyés sur la base de données Globocan 2020 du Circ pour estimer le fardeau de l'incidence du cancer du col de l'utérus et les taux de mortalité dans 185 pays et se sont intéressés aux tendances entre 1988 et 2017. Les auteurs précisent que leurs estimations sont basées sur les meilleures données disponibles sur le cancer dans chaque pays, qui sont parfois incomplètes.
Augmentation des cas dans certains pays
En 2020, le nombre de nouveaux cas de cancer du col de l'utérus dans le monde est estimé à plus de 600 000 et celui de décès à plus de 340 000. Pour espérer éliminer le cancer du col de l'utérus en tant que menace de santé publique, l'OMS a notamment fixé un objectif de réduction de l'incidence sous un seuil de 4 cas pour 100 000 femmes par an dans chaque pays d'ici à 2030. Or, 172 des 185 pays étudiés dépassent ce taux. En 2020, le taux de cas de cancer du col de l'utérus était de 13 pour 100 000 femmes par an, avec 7 décès pour 100 000 femmes par an.
Si le cancer du col de l'utérus a notamment diminué au cours des trois dernières décennies dans certains pays d'Amérique latine (dont le Brésil, la Colombie et le Costa Rica) en Inde, en Thaïlande, en Corée du Sud, ainsi qu'en Pologne, en Slovénie et en République tchèque, la situation est préoccupante en Lettonie, en Lituanie, en Bulgarie, et en Afrique de l'Est, qui font face à une augmentation des cas au cours de la dernière décennie, tout comme les Pays-Bas et l'Italie. La prévalence accrue du HPV chez les jeunes générations de femmes et l'absence de programmes de dépistage efficaces pourraient expliquer cette tendance.
Un gradient socio-économique clair en matière d'incidence et de mortalité
L'étude confirme que les inégalités socio-économiques en matière de cancer du col de l'utérus sont importantes dans le monde, avec un gradient socio-économique clair en matière d'incidence et de mortalité. Le fardeau demeure en effet particulièrement important dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire. Les taux varient considérablement entre les pays, avec une différence d'un facteur 40 pour les cas et de 50 pour les décès.
L'étude pointe aussi la mise en œuvre avec succès de programmes de vaccination contre le HPV, dans des pays à revenu élevé, comme en Suède, en Australie et au Royaume-Uni.
Si l'intensité du dépistage a diminué à cause du Covid, « la pandémie a également favorisé l'introduction du test HPV auto-administré, offrant de nouvelles possibilités d'accroître la couverture du dépistage », note Valentina Lorenzoni, co-autrice. Selon elle, « d'autres nouvelles avancées, telles que l'ablation thermique pour le traitement des précancers du col de l'utérus et l'utilisation des téléphones mobiles pour améliorer le suivi après le dépistage, peuvent également être utilisées dans des contextes à faibles ressources pour faire baisser les taux de cancer du col de l'utérus ».
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