La pathologie cancéreuse est-elle un facteur de risque d'infection Covid-19 ou de développer une forme grave de la maladie ? Alors qu'encore peu de données sont disponibles à ce sujet, les médecins de l'Institut Curie rapportent dans une prépublication l’absence de surmortalité majeure apparente chez des femmes atteintes de cancer du sein en cours de traitement et ayant une infection Covid-19 confirmée. De plus, le taux d'infection ne semble pas plus élevé dans cette population par rapport à la population générale.
Parmi les près de 15 600 patientes prises en charge pour un cancer du sein précoce ou métastatique dans les hôpitaux de l’Institut Curie (Paris et Saint-Cloud) et ayant reçu un traitement actif au cours des 4 derniers mois, 59 ont eu une infection Covid-19 confirmée par RT-PCR ou scanner entre le 13 mars et le 25 avril 2020. « Ce qui semble correspondre à la fréquence estimée des cas positifs [cas confirmés] dans l’ensemble de la population française (0,2-0,4 %) », indique l'Institut Curie dans un communiqué.
Les auteurs notent que « les changements prophylactiques mis en œuvre dans les soins du cancer du sein (par exemple, le report de toutes les visites non obligatoires, les changements dans les traitements médicaux, etc.) peuvent également avoir contribué à réduire davantage le risque d'infection par le SARS-CoV-2 ».
Décès de quatre patientes
Sur les 59 patientes infectées, 63 % étaient traitées pour un cancer du sein métastatique, et 22 % recevaient quotidiennement des corticostéroïdes.
Elles sont 47 % à avoir été hospitalisées, dont 10 % ont été admises en unité de soins intensifs. Quatre décès de patientes Covid-19 (soit 7 %) ont été rapportés. Deux d'entre elles, non transférées en soins intensifs, ont reçu des lignes de traitement ultérieures pour un cancer du sein métastatique, une autre avait récemment commencé un traitement endocrinien de première intention associé au palbociclib et une autre recevait une chimiothérapie néoadjuvante. Concernant cette dernière, les auteurs soulignent : « il est frappant de constater que la seule patiente atteinte d'un cancer du sein précoce qui est décédée a été traitée de façon concomitante pour une maladie systémique par un modulateur de signalisation CTLA-4, ce qui suggère que le cancer du sein en soi n'est pas un facteur majeur de mortalité par Covid-19 ».
Hypertension et âge de plus de 70 ans, facteurs pronostiques
Aucune association entre la gravité de la maladie et le type de traitement anticancéreux en cours n’a été retrouvée. « De même, il n’a pas été observé d'augmentation de la gravité du Covid-19 après radiothérapie du sein ou des aires ganglionnaires adjacentes », résume l'institut Curie.
Les quatre patientes décédées présentaient par ailleurs des comorbidités en plus de leur cancer. « Dans l'analyse univariée, l'hypertension et l'âge (> 70 ans) étaient les deux facteurs associés à un risque plus élevé d'admission en unité de soins intensifs et/ou de décès », précisent les auteurs.
Au vu de ces résultats, les auteurs estiment que le taux de mortalité liée à l'infection Covid-19 dépend davantage des comorbidités des patientes que des traitements reçus. Une attention particulière doit ainsi être portée à ces comorbidités pour évaluer le risque de forme grave des patientes.
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