Avez-vous toujours, sans trop attendre, la possibilité de prescrire à vos patients les thérapeutiques les plus innovantes dans un délai compatible avec l’évolution de votre malade ? Et comment faire en sorte que les délais administratifs incontournables pour permettre le remboursement des nouvelles thérapeutiques soient en adéquation avec la présentation de résultats hautement prometteurs dans les grands congrès d’oncologie ? Ces questions se sont posées ces dernières années avec toutes les innovations que nous avons connues dans le domaine de la chimiothérapie, des thérapies ciblées ou de l’immunothérapie. Et elles se posent aujourd’hui avec les médicaments immunoconjugués, qui font souffler le vent de l’innovation, qui a toujours fait avancer notre discipline au bénéfice des patients que nous soignons tous les jours.
Conjugués à des agents cytotoxiques ou des radio-isotopes, les thérapies vectorisées permettent de cibler un traitement anticancéreux directement au contact de la tumeur. Présentée au congrès de l’Esmo, l’étudeEV-302/Keynote-A39, qui utilise un anticorps anti-nectine-4 conjugué à un inhibiteur de microtubules, a permis d’illustrer les promesses de ces traitements nouveaux et innovants. Les résultats de cette étude, en termes d’efficacité et de toxicité, bousculent désormais la place de la chimiothérapie de première intention dans le traitement des cancers avancés de vessie.
La diffusion immédiate aux médias scientifiques et grand public ciblant les malades rend parfois la pratique difficile. Dans le cas de l’étude EV-302/Keynote-A39, le médicament n’est actuellement disponible en autorisation d’accès précoce qu’en deuxième ligne et ne peut être délivré en première ligne. Face à un patient qui se présente avec un cancer de la vessie métastatique, quand sera-t-il possible de prescrire un tel médicament immunoconjugué en première ligne ?
Le mécanisme de mise à disposition des innovations sous forme d’autorisations d’accès précoces est un progrès important en France pour nos malades mais implique des délais vis-à-vis des autorités médicales et administratives. Ces délais, si courts soient-ils, entrent en inadéquation avec la circulation immédiate et globale de l’information médicale et scientifique, qui génère une demande de réponse immédiate, de la part des malades comme des oncologues. Comment faire, alors, si le bruit des médias précède encore longtemps le souffle de l’accès à l’innovation ?
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