Déjà testé pour la mesure de la rigidité artérielle, l'indice vasculaire cardio-cheville (Cavi pour Cardio Ankle Vascular Index) pourrait aussi prédire le risque cardiovasculaire (CV). Une équipe Inserm/Université de Lorraine/CHRU de Nancy a évalué le potentiel de cet outil non invasif dans une étude de cohorte longitudinale baptisée « Triple-A-Stiffness ».
Publiée dans eBioMedicine, cette analyse s’est appuyée sur les données de 1 250 personnes de plus de 40 ans, originaires de 18 pays européens (55 % des femmes ; durée médiane du suivi de 3,82 ans). L’examen clinique comprenait une mesure de la rigidité artérielle avec l’indice Cavi. Cette dernière est réalisée via des brassards placés sur chaque bras et chaque cheville et un microphone disposé au niveau du cœur. Cet appareillage enregistre la vitesse de circulation sanguine et permet le calcul d’un indice chiffré, un score élevé indiquant une rigidité artérielle.
La pertinence de cet indice a d’abord été évaluée auprès de populations asiatiques puis non asiatiques. Dans cette étude, les chercheurs ont voulu déterminer sa capacité à prédire la morbimortalité cardiovasculaire (premier critère de jugement) et la mortalité toutes causes (critère secondaire). Après les examens d’inclusion, les participants ont été suivis pendant au minimum deux ans et pour certains jusqu’à cinq ans. Pendant la durée de l’étude, 129 patients ont connu un évènement dans le premier critère, 54 dans le second.
Chaque hausse d’un point correspond à un risque accru de 25 %
Les mesures ont permis d’établir que chaque point supplémentaire de l’indice Cavi (signifiant une augmentation de 10 % de la rigidité artérielle) correspondait à un risque CV accru de 25 % et à un risque accru de 37 % de mortalité toutes causes. Les chercheurs mettent aussi en évidence les facteurs affectant l’évolution de la rigidité artérielle. Le principal était l’âge, qui avait un effet sur la valeur de l’indice Cavi, mais aussi sur sa progression : « au cours du vieillissement, celui-ci augmente plus rapidement », est-il résumé. La pression artérielle impacte aussi la mesure : plus elle est élevée, plus l’indice Cavi est haut.
Par ailleurs, la valeur prédictive de l’indice s’est révélée variable selon l’âge. Chez les sujets de 60 ans et plus, un indice Cavi supérieur à 9,25 était associé à un risque cardiovasculaire élevé. Chez les moins de 60 ans, le risque CV est majoré au-delà d’un score à 8,30.
Si des travaux restent à mener sur l’effet des traitements contre le cholestérol et le diabète sur la progression de la rigidité artérielle, les « résultats suggèrent que l’indice Cavi pourrait être un outil de mesure de prédiction du risque cardiovasculaire, facile, rapide et non invasif, explique le Pr Magnus Bäck, cardiologue et premier auteur de l’étude. Son recours pourrait figurer à l’avenir parmi la liste des examens recommandés en clinique pour prédire le risque cardiovasculaire d’une personne et lui apporter un suivi préventif ». « En plus d’un outil facile à déployer, celui-ci permettrait de déterminer l’âge réel du système cardiovasculaire », ajoute le Pr Athanase Benetos, gériatre et dernier auteur.
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