L’empagliflozine à l’honneur

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Publié le 24/09/2021
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Les résultats d’EMPEROR-Preserved étaient très attendus, ils n’ont pas déçu. L’empagliflozine réduit significativement le risque de décès et d’hospitalisations chez les patients ayant une insuffisance cardiaque (IC) à fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) préservée.
Une réduction de 27 % des hospitalisations pour insuffisance cardiaque

Une réduction de 27 % des hospitalisations pour insuffisance cardiaque
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les études menées dans l’IC à FEVG préservée, entité très hétérogène, ont jusqu’alors été décevantes. C’est donc un grand pas en avant qui vient d’être franchi avec la démonstration des bénéfices d’un inhibiteur de SGLT2 dans ce contexte.

L’étude EMPEROR-Preserved a inclus 5 988 patients ayant une IC avec une FEVG > 40 %. Les critères d’inclusion associaient un NT-pro-BNP > 300 pg/ml, un antécédent d’hospitalisation pour IC ou des preuves d’une anomalie cardiaque structurelle.

Moins 21 % de décès cardiovasculaires et d’hospitalisations

$$$ Ces patients, des femmes dans 45 % des cas, près de la moitié de diabétiques, avaient un âge moyen de 72 ans et leur FEVG était en moyenne de 54 %. Ils ont été randomisés pour recevoir, en plus du traitement habituel, de l’empagliflozine (10 mg/jour) ou un placebo. Après 26 mois de suivi, l’empagliflozine, comparativement au placebo, a permis de réduire de 21 % le critère principal composite, qui associait décès cardiovasculaires et hospitalisations pour IC : 415 événements dans le groupe empagliflozine (13,8 %) contre 511 dans le bras placebo (17,1 %), soit un taux de 6,9 versus 8,7 événements pour 100 patient-années (HR = 0,79 ; IC 95 % 0,69-0,90 ; p = 0,0003). La gliflozine a aussi entraîné une réduction significative de 27 % des hospitalisations pour IC et a permis de ralentir le déclin du débit de filtration glomérulaire (DFG) : -3,3 ml/min/1,73 m²/an versus -5,7 ml/min/1,73 m²/an sous placebo (p < 0,0001). Ces bénéfices ont été observés dans tous les sous-groupes de patients préspécifiés (notamment quel que soit le sexe ou le statut diabétique) et ont été significatifs que la FEVG ait été comprise entre 40 et 50 % ou entre 50 et 60 % à l’inclusion. Au-delà de 60 %, la baisse n’est pas significative, même si une nette tendance se dessine.

Pas de nouveau signal de tolérance

Comme l’a précisé le Pr Stefan Anker, principal investigateur de cet essai, lors de la présentation des résultats, le taux d’effets indésirables a été comparable dans les deux bras : 47,9 % sous empagliflozine versus 51,6 % sous placebo. Le traitement par empagliflozine a été associé, sans surprise, à un risque accru d’infections génitales et urinaires non compliquées et d’hypotension. Mais les taux d’interruption de traitement pour effets indésirables ont été similaires dans les deux groupes, respectivement de 19,1 % et 18,4 %.

« Une avancée majeure dans l’IC à FEVG préservée, pathologie fréquente et jusqu’alors dans un quasi désert thérapeutique », a estimé le panel d’experts.

(1) Anker SD et al, Empagliflozin in Heart Failure with a Preserved Ejection Fraction, NEJM 2021, DOI: 10.1056/NEJMoa2107038
(2) Zhang W et al, Trial of Intensive Blood-Pressure Control in Older Patients with Hypertension, NEJM 2021, DOI: 10.1056/NEJMoa2111437

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin