Greffe de tête : le neurochirurgien italien lance un appel aux dons à un congrès de chirurgie

Publié le 15/06/2015

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Le projet du neurochirurgien italien, Dr Sergio Canavero, de réaliser la première greffe de tête humaine a été reçue avec scepticisme par ses confrères internationaux réunis en fin de semaine dernière à la conférence de l’American Academy of Neurological and Orthopaedic Surgeons (AANOS), dans le Maryland, aux États-Unis. Parmi les 150 participants se trouvait le premier volontaire pour cette greffe, un Russe de 30 ans, Valery Spiridonov, atteint de la maladie de Werdnig-Hoffmann caractérisée par une atrophie progressive des muscles. C’était la première rencontre de visu entre les deux hommes.

Rappelons que le Dr Canavero, directeur du Groupe de neuromodulation avancée de Turin, avait annoncé son projet fin 2013, estimant alors qu’une telle intervention pourrait être possible dans les deux ans – soit en 2016. Vendredi, alors qu’il était invité à prononcer le discours d’ouverture du congrès, le Dr Canavero a décrit pendant plus de deux heures comment il comptait restaurer la continuité de la moelle épinière sectionnée, citant des avancées dans la recherche, surtout animale.

100 millions de dollars nécessaires...

À la fin de sa présentation, le Dr Canavero a fait un appel aux dons. « J’ai fait ma contribution avec la moelle épinière, la principale chose, et maintenant je vous demande votre aide », a-t-il lancé, faisant appel à l’esprit de conquête de l’Amérique, citant même le projet Apollo du président John Kennedy d’envoyer des hommes sur la Lune dans les années soixante. « Des milliardaires comme Bill Gates pourraient donner de l’argent pour ce projet ambitieux ». Le neurologue italien a indiqué précédemment qu’il avait besoin de 100 millions de dollars.

Un parterre dubitatif

Mais le public n’a pas été convaincu – le neurochirurgien italien aurait à peine survolé certains des aspects majeurs de l’intervention, comme le rétablissement rapide de la circulation sanguine dans le cerveau et les branchements du système nerveux parasympathique. Pour le Dr Marc Stevens, chirurgien orthopédiste en Caroline du Nord, « il y a encore beaucoup d’obstacles avant de pouvoir faire ce type de chirurgie, a-t-il fait remarquer à l’AFP. Dans toute la présentation sur la moelle épinière, je pense qu’il y a certaines conclusions qui montrent un espoir... mais quand il s’agit de greffer une tête, il me semble qu’on essaie de brûler beaucoup d’étapes ». Jerry Silver, professeur de neurologie à l’Université Case Western, affirme quant à lui que la technique décrite par le Dr Canavero n’a jamais été vraiment testée. « Nous ne sommes même pas près de le faire, remarque-t-il. De plus, le nerf pneumogastrique sera difficile à ré-attacher. Il contrôle entre autres la digestion, l’élocution et le rythme cardiaque. »

C. W. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr