L’intelligence artificielle s’installe en chirurgie orthopédique

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Publié le 05/11/2021
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Si elle ne remplace pas l’intelligence clinique, l’intelligence artificielle s’impose dans de nombreux domaines, y compris en orthopédie. Des attentes croissantes et polymorphes, qui ne doivent pas occulter une évaluation de leur balance bénéfice/risques autour d’expérimentations prudentes.
Simulation de la pose d’une prothèse d’épaule à l’aide d’un logiciel de planification 3D

Simulation de la pose d’une prothèse d’épaule à l’aide d’un logiciel de planification 3D
Crédit photo : DR

À l’instar de nombreuses autres spécialités médicales, la Sofcot a mis en vedette cette année lors de son congrès, l’intelligence artificielle (IA), autour d’une table ronde « IA en orthopédie » (1). L’objectif principal en était d’exposer des applications concrètes de l’IA dans cette spécialité, initiées pour et par des chirurgiens orthopédistes. En effet, les chirurgiens orthopédistes ont appréhendé depuis quelques années l’enjeu d’être des acteurs d’une évolution numérique et artificielle perçue comme inexorable.

Ce concept d’IA regroupe l’ensemble des théories et techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine.

Pour l’orthopédie, avant d’imaginer remplacer le chirurgien, l’IA devra prouver qu'elle est à la hauteur de ce qu’exige cette activité spécifique, en premier lieu une intelligence clinique. C'est elle qui permet au chirurgien de s’adapter à chacune des situations qu’il rencontre auprès de ses patients, avec sa part de subjectivité. Cette intelligence intervient au quotidien dans des domaines aussi polymorphes que le diagnostic, la synthèse de l’examen physique et des examens complémentaires, toujours plus précis ; les procédures, à travers le geste opératoire, les instruments et les implants développés, toujours plus perfectionnés et sophistiqués dans leur utilisation ; et enfin la démarche scientifique, dans l’évaluation et l’interprétation des résultats des opérations.

L’IA se développe sur de multiples facettes, qu’il s’agisse d’applications en radiologie ou en imagerie, de ce qu’il est convenu d’appeler la « réalité amplifiée », de l’utilisation du « big data » — indispensable au développement de la médecine individualisée, dite « de précision » —, d’une épidémiologie par exemple préventive des infections, ou enfin de la robotique proprement dite (lire ci-XX).

Des preuves, toujours des preuves

Le développement de l’IA apparaît ainsi de plus en plus comme faisant partie du paysage de la chirurgie orthopédique. Cependant, il importe de vérifier si l’amélioration de précision des techniques se traduit par une diminution des réinterventions et, finalement, par une réduction du coût des soins.

Une utilisation impartiale de l’IA ne souffre pas d’a priori. Des machines réalisent des calculs et obtiennent des résultats bruts. Les algorithmes utilisés ne sont pas neutres : ils reflètent l’orientation choisie de ceux qui les ont conçus, souvent des scientifiques non médicaux, et encore moins orthopédistes — avec les biais potentiels alors engendrés par ces choix. Par conséquent, il apparaît fondamental de contrôler la façon dont ces machines seront alimentées, programmées, et ce que l’on pourra faire des résultats obtenus.

L’IA se fraye un chemin au sein de la routine chirurgicale orthopédique quotidienne et cette transformation est là pour durer : prenons le train !

Exergue : Il apparaît fondamental de contrôler la façon dont ces machines seront alimentées, programmées, et de ce que l’on pourra faire des résultats obtenus

(1) D’après la table ronde Sofcot 2021 coordonnée par le Pr Julien Berhouet (Tours), avec les Pr Stéphanie Allassonnière et Nicolas Reina, les Dr Pierre Abadie, Mikaël Chelli, Nor-Eddine Regnard, Me Nesrine Benyahia, et MM. Jean Chaoui, Guillaume Dardenne, Pierre Jannin et Alexandre Tronchot

Pr Charles Msika
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Source : Le Quotidien du médecin