Les Janus kinases (JAK 1, JAK 2, JAK 3, TYK2) sont des enzymes qui jouent un rôle clé dans le processus inflammatoire caractéristique de la dermatite atopique (DA). En les bloquant, on peut ainsi réduire l’inflammation cutanée. Cibinqo (abrocitinib), nouvel inhibiteur de JAK lancé par le laboratoire Pfizer, a montré son efficacité à travers un large programme de développement clinique intitulé Jade (JAK1 Atopic Dermatitis Efficacy and Safety Global Development Program).
Ce programme comporte sept études cliniques ayant inclus plus de 3 800 patients souffrant de DA modérée à sévère. Il a permis d’évaluer l’efficacité et la sécurité de Cibinqo par rapport au placebo mais aussi au dupilumab (anticorps monoclonal recombinant qui inhibe la signalisation des interleukines 4 et 13), le traitement systémique de référence. « Après quatre semaines, l’état de 30 % de patients s’améliorait avec Cibinqo en monothérapie. Le traitement était globalement bien toléré », souligne le Dr Ziad Reguiai, dermatologue à Reims et Bezannes.
Cibinqo est autorisé en prise quotidienne et peut être pris en comprimés de 100 ou 200 mg pour traiter l’adulte atteint de DA modérée à sévère, nécessitant un traitement systémique. Il devrait être disponible en France fin 2022.
La DA est une maladie pour laquelle il existe peu de traitements. L’arrivée de Cibinqo va permettre aux professionnels de santé d’adapter la prise en charge selon les besoins des patients. Car il agit sur des voies différentes de celles employées par les autres inhibiteurs de JAK. Le fait de pouvoir disposer d’alternatives thérapeutiques est très attendu par les patients.
« Pour le moment, les AMM dont nous disposons pour l’upadacitinib et le dupilumab (autres inhibiteurs de JAK) imposent une prescription préalable de ciclosporine pour les patients ayant une DA modérée à sévère, indique le Dr Reguiai. Or, nous faisons souvent face à des échecs ou à des contre-indications avec la ciclosporine, qui est néphrotoxique et ne peut être utilisée plus de 18 mois. Les inhibiteurs de JAK sont bien mieux tolérés. À l’avenir, nous espérons pouvoir les prescrire directement aux patients ayant une forme sévère de DA. »
Un fort impact sur la qualité de vie
La DA touche 5 % de la population adulte et 20 % des enfants. Dans deux tiers des cas, il s’agit de formes modérées à sévères. Contrairement aux idées reçues, la DA n’est pas qu’un problème de peau. « L’inflammation, la modification du microbiote cutané et l’altération de la barrière de la peau favorisent la pénétration d’allergènes irritants et engendrent d’autres maladies associées chez au moins 30 % des patients : rhinites allergiques, allergies alimentaires, conjonctivites… », rapporte le Dr Reguiai. Toutes ces maladies atopiques se répercutent sur la qualité de vie des patients.
Les démangeaisons sont l’un des symptômes les plus fréquents dans la DA. Lorsqu’elles sont intenses, elles peuvent influer sur le psychisme des patients, entraînant souvent d’autres manifesations comme les troubles de l’attention, la dépression, des idées suicidaires, un comportement sédentaire avec risque accru de maladies cardiovasculaires… Cet impact est entretenu par un cercle vicieux : « Neuf patients sur dix affirment souffrir d’un prurit tous les jours, deux patients sur trois se grattent au moins 12 heures par jour. Plus d’un patient sur deux a un sommeil perturbé au moins cinq nuits par semaine. Malgré ces symptômes, les traitements systémiques sont souvent sous-prescrits », note le Dr Reguiai.
D'après une conférence de presse de Pfizer
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