DT1 : une atteinte pancréas exocrine aussi

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Publié le 19/04/2023
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Avant même son apparition, le diabète de type 1 (DT1) s’associe à une fonction exocrine altérée. Les données sur les jumeaux suggèrent des rôles des facteurs génétiques et non génétiques.

L’histoire naturelle du diabète de type 1 (DT1) est aujourd’hui mieux comprise. La maladie est attribuée pour moitié à la génétique et, pour l’autre, à des facteurs environnementaux mal identifiés. Pour démêler ces rôles, l’approche classique d’examen du risque génétique consiste à étudier les jumeaux monozygotes (MZ) et dizygotes. Des jumeaux MZ discordants pour la maladie sont idéaux pour la comparaison des profils omiques, y compris la protéomique. Des travaux précédents ont confirmé un rôle clé du trypsinogène en tant que biomarqueur prédictif du DT1, reflétant une déficience exocrine.

Trypsinogène

Cette étude a cherché à étudier et valider le profilage protéomique de jumeaux MZ, atteints de DT1 ou non, par une analyse multiplex de 4 068 protéines dans des échantillons de sérum. 43 paires de jumeaux MZ concordants pour le DT1, 27 discordantes (n = 27), 195 personnes à risque et 990 avec DT1 (n = 990), ainsi que 96 personnes atteintes de diabète de l’adulte diagnostiqué comme auto-immun et 291 DT2 ont été étudiés.

L’analyse protéomique a identifié des différences majeures entre les niveaux d’enzymes exocrines chez les paires de jumeaux MZ discordants, malgré une forte corrélation entre les jumeaux (p < 0,01). Les niveaux de trypsinogène étaient plus faibles chez les jumeaux diabétiques que chez ceux sans diabète (p < 0,0001) et chez les témoins en bonne santé (p < 0,0001). Chez ceux récemment diagnostiqués, les niveaux de trypsinogène étaient inférieurs à ceux des témoins dans une large tranche d’âge.

Chez les parents à risque, des taux faibles (< 15 ng/mL) étaient associés à un risque accru de progression. Chez les participants récemment diagnostiqués, les niveaux de trypsinogène étaient associés à la dose d’insuline et à l’acidocétose diabétique, sans lien avec l’âge et l’IMC.

Au total, le DT1 est associé à une fonction exocrine altérée, avant même son apparition. Les données sur les jumeaux suggèrent des rôles des facteurs génétiques et non génétiques.

Sous-étudié

Les résultats présentés ici soulèvent la question : les personnes atteintes de DT1 de longue date développent-ils une insuffisance pancréatique exocrine (IPE) cliniquement pertinente ? En 2015, il a été rapporté que la prévalence de l’IPE du DT1 est estimée entre 25 à 74 %. L’IPE est associée à des besoins élevés en insuline, à un mauvais contrôle glycémique et à un diabète de longue durée. Cependant, le l’IPE est sous-étudiée chez les sujets avec DT1, puisque non systématiquement mesurée. Ce thème de recherche est en fort développement, tant pour le DT1 que pour les diabètes de l’adulte manifestement non DT2 (Lada ou autres), amenant à démembrer et classifier les diabètes d’une façon autrement plus fine que cela a été fait jusqu’alors.

 

Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes 

(1) Bakinowska L, et al; Action LADA Consortium; BOX Study group. Exocrine proteins including trypsin(ogen) as a key biomarker in type 1 diabetes. Diabetes Care. 2023 Apr 1;46(4):714-721. doi: 10.2337/dc22-1317. PMID: 36701208

 

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr