Du diagnostic biologique à la surveillance clinique

Le syndrome des ovaires polykystiques

Publié le 02/02/2009
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Signes d’appel

Le diagnostic de syndrome des ovaires polykystiques doit être évoqué en présence d’une acné, d’un hirsutisme, d’une aménorrhée (primaire ou secondaire), d’une spanioménorrhée, d’une obésité, d’un acanthosis migrans ou d’une infertilité. L’échographie pelvienne confirme ce diagnostic en montrant une augmentation de volume de l’ovaire (› 10 ml) et/ou plus d’une douzaine de follicules (de 2 à 9 mm de diamètre) par ovaire. Ce syndrome peut aussi se révéler dans d’autres circonstances : un tableau d’hyperstimulation ovarienne lors d’un traitement pour infertilité, ou un traitement par valproate de Na.

Dosages hormonaux

Ce sont les dosages hormonaux qui permettent d’affirmer le diagnostic.

Dosage de la testostérone totale.

La testostérone totale est augmentée dans le syndrome des ovaires polykystiques. Ce dosage suffit pour affirmer l’hyperandrogénie sauf en cas d’obésité majeure ou d’hyperinsulinisme. Si cette augmentation de testostérone totale n’est pas nécessaire au diagnostic (selon les critères de Rotterdam), son dosage est indispensable pour éliminer une cause tumorale. Un taux de testostérone supérieur à 2DS au-dessus de la normale (classiquement 1,2 ng/ml) fait rechercher une hyperthécose, une tumeur ovarienne ou un syndrome de Cushing.

Dosage de FSH et d’estradiol.

Le dosage de FSH et d’estradiol est nécessaire, car il permet d’éliminer un hypogonadisme hypogonadotrophique ou une insuffisance ovarienne prématurée.

Dosage d’estradiol ou test aux progestatifs.

Le dosage d’estradiol est souvent normal. Le test aux progestatifs est toujours positif dans le syndrome des ovaires polykystiques car la sécrétion estrogénique est normale. Ce test peut être négatif si la patiente est mince et souffre d’un hypogonadisme hypogonadotrophique avec une hypoestrogénie, en particulier en cas de restriction alimentaire. Celui-ci pouvant masquer un syndrome des ovaires polykystiques sous-jacent.

Dosage de LH.

Le dosage de la LH, augmentée dans 60 % des syndromes des ovaires polykystiques, n’est pas utile au diagnostic mais nécessaire avant une stimulation ovarienne comme élément de référence.

Dosage de l’AMH.

L’hormone antimüllérienne est produite par les cellules de la granulosa des follicules pré-antraux et antraux précoces. Ce dosage, non remboursé, peut être utile pour le diagnostic du syndrome des ovaires polykystiques, mais uniquement lorsque l’échographie n’est pas disponible, pour évaluer le nombre de follicules antraux. La question de sa valeur pour évaluer la sévérité de la pathologie reste irrésolue bien que certaines études aient montré une normalisation du taux d’AMH parallèle à la perte de poids chez les femmes en surpoids, ayant un syndrome des ovaires polykystiques.

Syndrome métabolique

La recherche d’un syndrome métabolique (périmètre abdominal › 88 cm, triglycérides supérieurs ou égaux à 150 mg/dl, HDL-c < 50 mg/dl, tension artérielle supérieure ou égale à 130/85 mmHg, glycémie postprandiale comprise entre 1,10 g et 1,26 g) fait partie du bilan comme celui d’un diabète de type 2, 3 à 5 fois plus fréquent en cas de syndrome des ovaires polykystiques alors que l’intolérance aux hydrates de carbone de plus est présente chez 40 % des patientes. Les femmes ayant une hyperandrogénie devant être surveillées de manière encore plus accrue, car étant le plus à risque de syndrome métabolique.

Le parallélisme entre risque cardio-vasculaire et syndrome des ovaires polykystiques a été souligné dans de nombreux travaux. Plusieurs marqueurs du risque cardio-vasculaire ont été évalués ces dernières années dans ce syndrome : CRP, adiponectine, activateur du plasminogène de type 1, endothéline, homocystéine, ostéoprotégérine sérique. Aucun ne peut être considéré comme utile actuellement en pratique courante dans cette situation. Ce qui ne doit pas empêcher d’être vigilant pour limiter les facteurs de risque cardiovasculaire, en particulier la prise de poids.

D’après la communication du Pr Sophie Christin-Maître (hôpital Saint-Antoine, Paris), dans le cadre de la 16 e Journée scientifique du Collège de gynécologie médicale de Paris, Ile-de-France.

Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr