LE QUOTIDIEN. Comment évolue aujourd'hui l'endoscopie digestive ?
Pr STANISLAS CHAUSSADE. Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, les techniques d’endoscopie digestive connaissent une évolution majeure tant sur le plan diagnostique que thérapeutique, nécessitant aujourd’hui une formation de qualité pour les pratiquer. Tout d’abord sur le plan diagnostique, on a assisté à une amélioration de la qualité des endoscopes et en particulier de l’optique des endoscopes. Désormais, on peut voir des lésions très délicates à identifier souvent planes, qu’on ne voyait pas toujours par le passé. Les praticiens ayant une certaine habitude de cet examen peuvent aussi caractériser les lésions, ce qui est un élément important, par leur morphologie mais aussi en analysant les vaisseaux et l’ « orifice des glandes » (pit pattern). Cela nécessite du matériel récent (de haute définition) ayant intégré la chromo-endoscopie virtuelle, technique qui étudie les images avec les différents spectres de la lumière et permet de voir l’architecture des vaisseaux, ainsi que de prédire le risque de cancer dans un polype, par exemple. On va également avoir dans les mois à venir des logiciels d’intelligence artificielle, qui vont aider à la détection et la caractérisation des polypes du côlon. La qualité des endoscopes va donc continuer à s’améliorer dans un avenir proche, couplée à une amélioration des pratiques et de la formation des gastroentérologues, cela va contribuer à améliorer la qualité des endoscopies que nous pratiquons chez nos patients.
De nouvelles techniques se développent-elles ?
Autre évolution importante : l’endoscopie digestive devient de plus en plus un outil thérapeutique. On a vu se développer des techniques de mucosectomie ou de dissection endoscopique pour enlever les polypes, voir les cancers superficiels du tube digestif. Avec de tous petits bistouris, on peut ainsi disséquer des tumeurs dans l’œsophage, l’estomac ou le rectum. Pour l’instant, cette technique (même si elle est déjà pratiquée dans certains centres experts) n’est pas encore validée pour le côlon par la Haute Autorité de santé (HAS) mais le sera très prochainement. Dans ces indications, mais aussi dans le traitement de certaines maladies, l’endoscopie digestive a supplanté la chirurgie. Ceci a été permis par une meilleure gestion des complications de l’endoscopie durant le geste. On est aussi mieux armés face à certains événements indésirables. Hier, faire une perforation, c’était un drame. Aujourd’hui, on peut la réparer et ne pas opérer le patient. Du coup, notre spécialité qui, jusque-là était très diagnostique, devient de plus en plus thérapeutique.
La mise en œuvre de ces techniques de plus en plus performantes a bien sûr un coût, mais qui est bien inférieur à celui de la chirurgie. Nous estimons que ce coût est supportable à condition que ces examens soient de qualité et réalisés par des praticiens bien formés.
Quels sont dans ce domaine les projets portés par la SFED ?
À la SFED, nous avons élaboré un certain nombre de référentiels, en particulier sur la qualité de la coloscopie ou du compte rendu de coloscopie. Nous sommes aussi en train de travailler sur un référentiel de qualité de la fibroscopie gastrique, du cathétérisme rétrograde des voies biliaires et de l’échoendoscopie. La SFED est ainsi en contact régulier avec l’Assurance-maladie sur ce thème de la qualité. Elle lui a notamment proposé de l’aider à mettre au point un logiciel permettant de mesurer automatiquement la qualité des endoscopies à partir d’un certain nombre de paramètres recueillis durant l’examen. Avec ce logiciel, on pourra savoir si la préparation ou l’indication de la coloscopie est correcte, si elle a été complète et si les techniques d’ablation des polypes sont réalisées dans les règles de l’art, avec peu d’effets secondaires. Ce logiciel permettra enfin de déterminer le taux de détection des adénomes. Le Dr Olivier Gronier, secrétaire général de la SFED, qui est en charge de ce dossier, a assuré l’Assurance-maladie que notre Société était prête à s’engager fortement dans cette politique de qualité mais, en contrepartie, nous souhaiterions qu’elle nous aide dans la création de ce logiciel, comme cela se fait dans d’autres pays européen.
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