Amylose héréditaire ATTR : premières recommandations internationales, des bénéfices cardiaques pour le patisiran

Par
Publié le 26/10/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : GARO/PHANIE

De nouvelles thérapeutiques sont disponibles dans l'amylose héréditaire à transthyrétine (hATTR) depuis une dizaine d'années : stabilisateurs de la transthyrétine depuis 2012 et silençage génétique depuis 2018 (ARNi et oligonucléotides antisens). Ils permettent de réduire la mortalité et d'améliorer la qualité de vie.

« Grâce aux progrès thérapeutiques, l’amylose hATTR est devenue une maladie chronique. Celle-ci nécessite une prise en charge globale pour améliorer la qualité de vie et l’autonomie des patients », souligne la Dr Cécile Cauquil, neurologue à l'hôpital Bicêtre (AP-HP), centre de référence des neuropathies amyloïdes familiales, lors d'une conférence de presse de l’Association française contre l’amylose (AFCA) avec le soutien du laboratoire Alnylam.

C’est l’objet des premières recommandations - publiées dans le BMJ Open* en septembre 2023. Compte tenu des différents organes pouvant être touchés par la maladie, un suivi multidisciplinaire est nécessaire. L'amylose hATTR touche environ 50 000 personnes dans le monde.

Des symptômes multiples et invalidants

Avant ces innovations, le traitement historique de l'amylose reposait sur la greffe hépatique. Maladie évolutive, l'amylose hATTR se déclare le plus souvent après 50 ans : elle est due à une mutation génétique qui empêche la protéine TTR, fabriquée dans le foie, d’adopter sa structure normale. La TTR se replie mal : elle s’accumule sous forme de dépôts amyloïdes dans l’organisme, notamment le cœur, les nerfs et le tractus gastro-intestinal ainsi que d’autres organes. Cela entraîne des symptômes invalidants : perte de sensibilité, faiblesse et douleur dans les membres, alternance d’épisodes de diarrhée, constipation, nausées et vomissements, problèmes cardiaques.

« Le suivi doit être personnalisé, adapté aux symptômes du patient, à ses besoins, à ses défaillances. Il faut également proposer un suivi médico-social avec différents acteurs : rééducateurs, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychologues, assistants sociaux… », assure la Dr Cauquil. La prise en charge est lourde et chronophage. « Sur une année, un patient doit se rendre dans quatre hôpitaux différents, effectuer plus de 120 consultations, voir 12 médecins spécialistes, effectuer 15 prises de sang… », précise Jean-Christophe Fidalgo, président de l’Amyloidosis Alliance et de l’AFCA.

Patients, soignants et industrie

Dans ses recommandations, le groupe d’experts (le Primary Consensus Panel) met en exergue l'importance d'une prise en charge globale et personnalisée en réponse aux différents besoins des patients, physiques, émotionnels et sociaux.

« Le panel est composé de 14 membres multidisciplinaires de huit pays européens représentant les patients, les groupes de défense des droits des patients, les principales spécialités cliniques - neurologie, cardiologie, physiothérapie, psychologie, nutrition et soins infirmiers - et l’industrie (Alnylam) », indique Agnès Farrugia, directrice de l’AFCA.

Le consensus s’appuie sur une enquête auprès de 122 professionnels de santé et représentants de patients de 27 pays. Les principaux enjeux mis en avant sont : la nécessité d'un diagnostic et d'une initiation de traitement précoces chez les patients symptomatiques ; des soins multidisciplinaires coordonnés et accessibles sur l’ensemble du territoire ; un dialogue ouvert entre les professionnels de santé et les patients pour une prise de décision partagée.

Enfin, le schéma thérapeutique se veut personnalisé, centré sur le patient et la famille, avec des soins de support. « En France, un travail de sensibilisation et de dépistage reste à faire. Il faut également uniformiser nos pratiques ; travailler de façon concertée (professionnels de santé, industriels, associations de patients) afin de faire connaître ces recommandations », conclut la Dr Cauquil.

Le patisiran marque des points dans l'atteinte cardiaque

Le patisiran (Onpattro, laboratoire Alnylam), cet ARN interférent qui inhibe la production de transthyrétine hépatique, semble efficace dans l'atteinte cardiaque de l'amylose héréditaire à transthyrétine. Tels sont les résultats d'une étude de phase 3 publiée ce 26 octobre dans The New England Journal of Medicine.

Menée chez 360 patients atteints d'hATTR, l'étude Apollo-B montre un bénéfice significatif dans le groupe patisiran sur les performances au test de marche à 6 minutes après 12 mois de traitement. Le déclin de la distance était de - 8,15 m dans le groupe patisiran versus -21,35 m (soit une différence médiane de 14,69 m).

Onpattro est actuellement indiqué dans l'amylose hATTR chez les patients adultes atteints de polyneuropathie de stade 1 ou de stade 2. Il est remboursé à 65 % en France.

*Obici L, et al. BMJ Open. 2023;0:e073130. doi:10.1136/bmjopen-2023-073130

Hélia Hakimi-Prévot

Source : lequotidiendumedecin.fr