Le cyprès (Cupressus sempervirens), de taille élancée, parfois disposé en haie pour couper le vent et clôturer les résidences secondaires, est très utilisé comme plante d’ornement des jardins et des parcs publics ou privés.
Son pollen est responsable de symptômes hivernaux : rhinoconjonctivite, asthme et toux chronique. C’est le principal représentant de la famille des Cupressacées (ou Cupressinées) référencé comme important émetteur de pollen par le RNSA (Réseau national de surveillance aérobiologique). Cette famille, mondialement répartie, comporte aussi le genévrier (Juniperus spp.), le thuya (Thuja occidentalis) et le séquoia à feuilles d’if (Séquoia spp.).
Les grains de pollen de cyprès sont sphéroïdaux, de petite taille (de 20 à 30 microns). La saison pollinique du cyprès peut débuter dans la seconde partie de décembre, le plus souvent en janvier, atteint son maximum en février, puis se termine au cours de la première moitié de mars. Il existe des réactions croisées entre les pollens des différents arbres de la famille des Cupressacées. Pendant les mois de janvier et février, la pollinose au cyprès est responsable de symptômes importants, en particulier dans le sud de la France (Montpellier et sa région, Provence) et en Italie. Ailleurs dans le monde, la pollinose au cyprès est présente dans les régions où ces arbres sont abondants (Japon, Afrique du Sud, sud des États-Unis).
Des particularités cliniques
Des chercheurs ont comparé les caractéristiques des allergiques au pollen de cyprès (APC) et des allergiques aux pollens de graminées (APG) (1). Ils ont observé des différences dans l’âge moyen au moment du début des symptômes (32 ans vs 17,9 ans ; p = 0,0002) et le pourcentage de toux chronique (16,5 % vs 0 % ; p = 0,008). Les autres paramètres étaient similaires dans les deux groupes, en particulier les antécédents allergiques de la mère et du père, le pourcentage des individus nés en dehors de la région de l’étude (Marseille et sa région), le pourcentage de patients monosensibilisés (40,8 % vs 31,5 %), la fréquence de l’asthme (38,1 % vs 38,4 %). L’explication de ces différences nécessite des études complémentaires.
Selon différentes études, dans le sud-est de la France, 7,1 % des enfants seraient allergiques au cyprès (2), mais en Ligurie, où cet arbre est largement répandu, la prévalence de l’allergie ne serait que de 1,04 % dans la population générale, et seul un tiers des allergiques seraient monosensibilisés (3). Une autre variété de Cupressacée, Calocedrus decurrens (en anglais incense cedar) est également responsable de rhinoconjonctivites hivernales IgE-dépendantes en Amérique du Nord (4).
Les patients atteints de pollinose au cyprès seraient préférentiellement sensibilisés ou allergiques à la pêche, ce qui constituerait une nouvelle association d’allergie alimentaire et pollinique (5, 6).
La prévention repose sur une politique environnementale de sélection de cyprès d’allergénicité faible ou nulle et sur l’immunothérapie spécifique. Une revue générale de la littérature bien documentée (66 références) recense 10 études d’immunothérapie allergénique, 7 par voie sous-cutanée (ITS-SC), 2 par voie sublinguale (ITS-SL) et 1 intramusculaire (ITS-IN). Les effets sont variables, avec cependant des résultats bons ou intéressants dans les deux ITS-SL et dans quatre ITS-SC (7).
Allergologue, pneumologue, pédiatre
L’auteur n’a pas de conflit d’intérêts
(1) Boutin-Forzano S et al. Personal risk factors for cypress pollen allergy. Allergy. 2005;60:533-5
(2) Dubus JC et al. Allergy to cypress pollen. Allergy. 2000;55:418-9
(3) Fiorina A et al. Prevalence of allergy to Cypress. Allergy. 2002;57:861-2
(4) Cavagni G et al. IgE-mediated allergic rhinitis and conjunctivitis caused by Calocedrus decurrens (incense cedar). Allergy. 2003;58:1201-2
(5) Delimi B et al. Allergie cyprès-pêche : allergie croisée ou simple coïncidence. Rev Fr Allergol. 2007;47(5):350-4
(6) Charpin D et al. Cypress pollinosis: from tree to clinic. Clin Rev Allergy Immunol. 2017 Apr 11. DOI : 10.1007/s12016-017-8602-y
(7) Charpin D et al. Allergy to cypress pollen. Allergy. 2005;60:293-301
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