Covid-19 : la FDA n'autorise finalement pas le bebtelovimab

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Publié le 01/12/2022
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Crédit photo : AFP

C'est un coup d'arrêt qui vient d'outre-Atlantique. Le bebtelovimab, un nouvel anticorps monoclonal contre le Covid-19 et déjà utilisé aux États-Unis, était attendu par de nombreux experts en France. Dans son dernier avis en juillet, le Conseil scientifique réclamait sa mise à disposition. Alors qu'il était considéré à l'époque comme le seul traitement véritablement efficace contre les sous-variants BA.5, la valse des variants a finalement eu raison de l'intérêt qu'il suscitait.

C'est en tout cas ce que la FDA, l'agence américaine du médicament, vient d'entériner, en décidant au final de ne pas lui accorder d'autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l'indication de l'utilisation d'urgence chez les patients atteints de formes sévères. En effet, selon les données fournies par le laboratoire Eli Lilly, le bebtelovimab n'est pas efficace contre les sous-variants Omicron BQ.1 et BQ.1.1, représentant à eux deux 57 % des variants actuellement sur le territoire américain.

À la suite de cette annonce, le laboratoire a mis en pause la commercialisation et la distribution de son traitement « jusqu'à nouvel ordre de l'agence ». Par ailleurs, l'administration américaine pour la préparation stratégique et la réponse aux épidémies abandonne son plan de constitution de stocks de bebtelovimab : toutes les commandes encore non honorées ont été annulées. En revanche, la FDA préconise aux établissements de santé de conserver les stocks déjà constitués, au cas où des variants sensibles au bebtelovimab viendraient à s'imposer. La FDA rappelle que le Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir), également recommandé en France, reste efficace contre BQ.1 et BQ.1.1.

Le Sars-CoV-2 prend la recherche de vitesse

La décision de la FDA n'étonne guère le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'ANRS-MIE. « La situation n'est plus du tout la même qu'il y a quelques mois, explique-t-il au "Quotidien". L'émergence du BQ.1.1 fait que le bebtelovimab n'est plus une option thérapeutique envisageable. Le virus a acquis des mutations qui le rendent résistant à ce traitement. »

Selon le point épidémiologique du 24 novembre 2022, parmi les sous-lignages de BA.5, le BQ.1.1 continue d’augmenter en France et représente maintenant 39 % des virus circulants (semaine 44), contre 29 % la semaine précédente.

La mésaventure du bebtelovimab est « emblématique des problèmes rencontrés par les anticorps monoclonaux : ils sont trop spécifiques pour conserver leur efficacité contre un virus aussi changeant que le Sars-CoV-2, estime le Pr Yazdanpanah. Récemment, les Anglais ont affirmé que des données in vitro décevantes étaient parfois contredites par la clinique, mais c'est compliqué de monter des études cliniques dans un contexte aussi mouvant. » Selon le Pr Yazdanpanah, l’acide fumarique ensitrelvir, un nouvel antiviral développé par la firme japonaise Shionogi a apporté des données récentes de phase 3 qu'il juge « encourageantes ».


Source : lequotidiendumedecin.fr