Le premier bilan de la fin du « zéro Covid » en Chine, dressé par le gouvernement chinois deux mois après la levée des mesures, rapportait un excès de mortalité toutes causes chiffré à 60 000 décès. Sans grande surprise, la réalité semble bien plus sombre.
Dans le « Jama Network », des chercheurs de la division des sciences de la santé publique du Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson à Seattle, estiment que l’excédent de décès atteindrait plutôt 1,87 million (1,33 pour 1 000 habitants) de Chinois de 30 ans et plus entre décembre 2022 et janvier 2023. D'autres travaux avaient précédemment avancé entre 0,97 et 2,10 millions de décès.
Pour cette estimation, ils se sont appuyés sur plusieurs sources : des données nécrologiques publiées par deux universités de Pékin et par le Harbin Institute of Technology, ainsi que des données de surveillance syndromique collectées via les requêtes sur le moteur de recherche chinois Baidu (utilisé par 90 % de la population du pays) comportant les termes « salon funéraire », « crémation », « crématorium » et « enterrement ».
Selon leurs résultats, des augmentations statistiquement significatives de la mortalité ont été observées dans toutes les provinces (à l'exception du Tibet), allant de 77 % dans le Guangxi à 279 % au Ningxia. « La tendance des décès excédentaires concorde avec les rapports du gouvernement chinois selon lesquels les hospitalisations et les décès dans les hôpitaux liés au Covid-19 ont atteint leur pic à la fin décembre 2022 », soulignent les auteurs.
Une flambée de cas dès la levée des mesures anti-Covid
La brusque fin de la politique du « zéro Covid » en Chine début décembre 2022 avait fait suite aux contestations grandissantes de la population et à l’impact des mesures sanitaires sur l'économie. La levée des restrictions s’était traduite par une explosion du nombre de cas dans le pays. La politique sanitaire n’avait pas permis à la population d’être exposée au virus et de développer une immunité.
Aussi, la campagne vaccinale reposait principalement sur deux candidats locaux, distribués par les laboratoires chinois Sinovac et Sinopharm, mais le pays n’était pas parvenu à atteindre une couverture suffisante. Cette flambée de cas avait suscité l’inquiétude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que seuls 65,8 % des plus de 80 ans étaient alors pleinement vaccinés.
Lors d’un point presse le 22 décembre, le patron de l’agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, réclamait à la Chine des « informations plus détaillées sur la gravité de la maladie, les admissions hospitalières et les besoins en matière d'unités de soins intensifs ». Deux jours plus tôt, les autorités du pays avaient modifié la méthodologie du recensement des cas : seules les personnes directement mortes d'une insuffisance respiratoire liée au Covid étaient comptabilisées dans les statistiques, donnant une vision partielle des conséquences de la situation épidémique. Le 21 décembre par exemple, aucun nouveau décès n’avait été enregistré, alors que certains hôpitaux et crématoriums étaient débordés.
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