La Société de gériatrie se dit « choquée » et « en colère » à la suite de l’arrêt de la commercialisation du vaccin antigrippal Efluelda

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Publié le 25/04/2024
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La Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) exprime son exaspération après l’annonce de l’arrêt de commercialisation du vaccin antigrippal Efluelda chez les plus de 65 ans, faute d’accord sur le prix entre Sanofi et les autorités sanitaires.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

« La coupe est pleine », s’exclame la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) après l’annonce ce 24 avril de l’arrêt de commercialisation d’Efluelda, le vaccin antigrippal à haute dose de Sanofi.

« Une loi Grand Âge reportée à la Saint-Glinglin, une loi fin de vie qui témoigne à la fois d’un manque de considération pour les personnes âgées et un mépris du travail des soignants, un vaccin retiré du marché en pleine semaine européenne de la vaccination 2024… ». Cette fois, c’en est trop. La SFGG se dit « choquée » et « en colère », qualifiant « d’aberration » l’arrêt de commercialisation et s’inquiétant du « lourd tribut que vont, une nouvelle fois, payer les personnes âgées ».

Le retrait du marché français fait suite à de la décision des autorités sanitaires de vouloir baisser le prix du vaccin à un niveau estimé trop bas par le laboratoire, « inférieur aux coûts de production et de distribution de ce vaccin », a réagi Sanofi dans un communiqué.

« Ce vaccin a été développé dans l'objectif de mieux protéger les personnes âgées », souligne la SFGG dans un communiqué. Efluelda est ainsi réservé aux plus de 65 ans, les plus à risque de complications : il est quatre fois plus dosé que le vaccin classique développé par Sanofi contre la grippe, le VaxigripTetra.

La SFGG demande aux autorités de revoir leur décision

Pour la SFGG qui avait recommandé en priorité le vaccin haute dose Efluelda, « la supériorité en termes d’efficacité vis-à-vis des personnes âgées de plus de 65 ans a été prouvée par plusieurs études cliniques. Il se distingue des autres vaccins standards par sa composition quatre fois plus dosée en antigènes ». Mais les autorités peu convaincues ne l’entendent pas de cette oreille, refusant donc, contrairement à des pays comme les États-Unis, de recommander ce vaccin plus qu'un autre pour les plus de 65 ans, ce qui justifie à leur sens de ne pas le payer plus cher.

Pour justifier sa position, la société savante développe les arguments en faveur d’Efluelda, parmi lesquels « une réduction relative des cas de grippe virologiquement confirmés de 24,2 % (surtout pour la souche H3N2, responsable des cas de grippe les plus graves chez la personne âgée) », « une réduction des hospitalisations pour grippe et des affections respiratoires ou affections cardiovasculaires observées aux États-Unis chez les personnes âgées, variant de 8 % à 27 % », ou encore « un profil de tolérance satisfaisant du vaccin Efluelda, avec une réactogénicité accrue (…) tant locale que systémique mais sans augmentation des effets indésirables ayant un caractère de gravité ».

« Suspendre la commercialisation du vaccin Efluelda est une perte de chance énorme pour nos patients âgés et nous le déplorons avec toute notre force », martèle la société savante qui demande aux autorités sanitaires « de revoir leur décision au plus vite » et de prévoir l’examen par la commission technique des vaccinations (Haute Autorité de santé) du vaccin trivalent haute dose.

Lorsque le virus de la grippe infecte un organisme fragilisé par l’âge, le risque de complications sévères augmente : le risque de perte d’autonomie est à 25 % à 3 mois, d’infarctus (10 fois plus élevé) et d’accident vasculaire cérébral (8 fois plus élevé).


Source : lequotidiendumedecin.fr