Les cas de Covid sévères laissent de traces durables sur le système immunitaire des patients, selon une petite étude publiée dans « Cell » par les équipes de l'université médicale Weill Cornell de Nex York, et financée par l'institut américain des allergies et des maladies infectieuses.
Pour les chercheurs, ces changements contribueraient à expliquer pourquoi les Covid sévères provoquent des lésions dans une grande variété d'organes chez les patients qui en sont victimes. Cela expliquerait également le haut niveau d’inflammation associé à ces infections sévères.
Les chercheurs ont analysé les prélèvements sanguins, ainsi que les cellules immunitaires, obtenus auprès de 38 patients atteints d'une forme sévère de Covid-19, au cours de leur convalescence. Les résultats ont été comparés à ceux de 19 personnes non malades. Les chercheurs ont exploité pour l'occasion une nouvelle technique de caractérisation de cellules souches sanguines rares. Ce système permet aux chercheurs d'évaluer l'impact de la pathologie sur l'évolution des cellules progénitrices sanguines situées dans la moelle osseuse.
Des changements toujours visibles jusqu'à un an après
C'est notamment dans ces cellules souches circulantes que les chercheurs vont faire leur principale découverte : une modification du schéma d'activation/inactivation des gènes impliqués dans la différenciation des cellules immunitaires, résultant dans la prolifération des monocytes et la production accrue de cytokines inflammatoires. Ces changements sont ensuite transmis aux cellules filles, les inscrivant dans le temps long. Près d'un an après leur inclusion dans l'étude, plusieurs des malades de l'étude étaient toujours porteurs de ces modifications épigénétiques.
Compte tenu du faible nombre de participants, cette étude ne peut suffire à établir un lien direct entre les changements cellulaires et moléculaires observés et un effet sur la santé. Toutefois, les investigateurs soupçonnent que les cytokines, et en particulier l'interleukine-6, pourraient jouer un rôle primordial dans la mise en place des modifications d'expression génétique.
Ils ont donc testé cette hypothèse chez des souris infectés par le Sars-CoV-2. Les mêmes observations ont été faites que chez les participants à l'étude, et ces modifications pouvaient même être prévenues à l'aide d'anticorps dirigés contre l'interleukine-6 qui réduisaient le niveau de cellules souches sanguines altérées. De plus, les poumons et le cerveau des souris ainsi traités présentaient moins de monocytes et de lésions.
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