Une étude sud-africaine montre le bénéfice d'un traitement oral par bédaquiline dans la tuberculose multirésistante par rapport à un traitement standard injectable. Menés par le Dr Norbert Ndjeka du directoire des tuberculoses multirésistantes du département national de la santé à Pretoria, ces travaux sont parus dans le « Lancet Infectious Diseases ».
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la tuberculose résistante à l’isoniazide et à la rifampicine, les deux médicaments antituberculeux de première intention les plus efficaces, pose des problèmes de prise en charge. Les options thérapeutiques actuelles – quinolones, prothionamide/éthionamide, cyclosérine et linézolide sous formes injectables - sont coûteuses, toxiques et nécessitent une administration de longue durée (jusqu’à deux ans de traitement). Ainsi, seul un tiers environ des personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante ont eu accès au traitement en 2020, avec un taux de succès de 59 % en ce qui concerne les souches résistantes à la rifampicine.
« Il y a un réel besoin pour un traitement oral sûr et efficace », rappellent ainsi les auteurs de l'étude. Au total, 1 387 patients atteints de tuberculose résistante ont été inclus, 688 ayant reçu de la bédaquiline par voie orale et 699 le traitement injectable. Les deux traitements ont été pris sur une courte période de temps par rapport à la durée actuelle des traitements. La posologie était de 400 mg en une prise par jour pendant deux semaines, suivie de 200 mg trois fois par semaine pendant 22 semaines. Les patients recevant déjà des linézolides, des carbapénèmes, de la térizidone ou de la cyclosérine ont été exclus de l'étude.
Moins de mortalité au cours du traitement
À l’issue d'un suivi de deux ans, quatre patients (1 %) du groupe bédaquiline orale ont connu un échec thérapeutique ou une récidive, ce fut le cas de 17 patients (2 %) du groupe injectable. Les autres critères de jugement étaient tous en faveur de la bédaquiline orale : 6 % de perdus de vue contre 12 % dans le groupe injectable, et 24 % de décès contre 28 %.
Après ajustement pour les facteurs de risque, les chances de réussite du traitement étaient significativement augmentées de 14 % dans le groupe bédaquiline, le risque de perte de vue du patient était 4 % plus faible et les chances de survie étaient 2 % plus élevées. Il est également à noter que la mortalité au cours du traitement était diminuée de 8 % (17 contre 22,4 %), ce qui était statistiquement significatif. Le risque de mortalité post-traitement n'était en revanche pas différent dans les deux groupes.
Ces travaux, menés dans le cadre du programme de l'OMS de lutte contre la tuberculose, « supporte l'usage de traitement comprenant de la bédaquiline orale », concluent les auteurs.
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