Des hospitalisations de très jeunes enfants en baisse, de durée plus courte et à un âge plus tardif : les premières données en vie réelle, au Luxembourg, confirment l’intérêt du nirsévimab (Beyfortus), l’anticorps monoclonal de longue durée pour prévenir les infections au virus respiratoire syncytial (VRS) et alléger le fardeau de la bronchiolite. L’étude est publiée dans Eurosurveillance.
Autorisé par l’Agence européenne des médicaments (EMA) en octobre 2022, le nirsévimab a été proposé un an plus tard, en octobre 2023, dans les quatre maternités luxembourgeoises. Sont ciblés : tous les nouveau-nés qui ont vu le jour entre le 1er octobre 2023 et le 30 mars 2024, les enfants nés entre le 1er janvier et le 30 septembre 2023 (stratégie de rattrapage) et les moins de 2 ans présentant des facteurs de risque d’infection respiratoire sévère.
Comme en France, le nirsévimab a remporté l’adhésion des parents : la couverture néonatale dans les maternités de début octobre à mi-décembre 2023 s’élève à 84 % (1 277 doses pour 1 524 naissances), variant de 66 % à 94 % selon les établissements. Aucun effet indésirable associé à l’immunisation n'a été signalé à ce jour.
Diminution de 70 % des hospitalisations par rapport à la saison précédente
Entre l’hiver 2022-2023 (marquée par une épidémie virulente qui a mis en tension le système de soin) et la saison 2023-2024, le nombre d’hospitalisations liées à une infection à VRS a chuté de 69 % chez les nourrissons de moins de 6 mois (de 232 à 72), et de 38 % chez les enfants de moins de 5 ans (de 389 cas à 241 cas). La part des non-immunisés par le nirsévimab chez les enfants hospitalisés en 2023 était de plus de 88 % pour les moins de 5 ans, et de plus de 65 % chez les moins de 6 ans.
Par ailleurs, « le plus frappant et le plus probablement attribuable à l’immunisation par le nirsévimab était une structure d'âges différente des enfants hospitalisés entre les deux saisons », lit-on. En 2023, les petits de moins de 6 ans représentaient moins de 30 % des admissions, contre près de 60 % l’an passé. En moyenne, cette saison, les cas hospitalisés étaient âgés de 14,4 mois, versus 7,8 en 2022.
Le nirsévimab semble aussi contribuer à atténuer la sévérité de la maladie, avec une durée d’hospitalisation réduite passant de 5,1 jours en 2022 à 3,2 jours en 2023, une diminution particulièrement nette chez les moins de 6 mois. Parmi ces derniers, seulement neuf ont eu besoin de soins intensifs (versus 28 en 2022), dont six non-immunisés.
Si les auteurs reconnaissent des limites à leur étude (dues à la comparaison avec une seule autre saison épidémique, qui plus est atypique car juste après le Covid), ils encouragent les autres pays à évaluer leurs interventions à plus large échelle.
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