Après la dengue, Wolbachia tient en ligne de mire les virus Zika et du chikungunya. Et pour cause, cette bactérie bénigne pour l'homme n'est pas une illustre inconnue dans le cadre de la lutte contre les moustiques porteurs d'arboviroses. L'une de ses souches a déjà permis, introduite dans une population de moustiques, de réduire leur capacité à transmettre la dengue. Ces moustiques porteurs de Wolbachia ont été ainsi lâchés avec succès à plusieurs endroits, notamment en Australie, au Brésil, en Indonésie et au Viet Nam, dans le cadre d'essais financés par la Fondation Bill & Melinda Gates.
Bloquer chez Aedes egypti la propagation de Zika
Or Aedes Aegypti, le moustique responsable de la transmission de la dengue est aussi un vecteur du chikungunya, de la fièvre jaune et de Zika. C'est dans ce contexte qu'une équipe américaine a décidé de lancer une bactérie du genre aux trousses du virus qui sévit actuellement dans 39 pays du continent américain. Ces travaux, dirigés par Matthew Aliota de l'école vétérinaire de l'université de Wisconsin-Madison et publiés dans la revue « Scientific report », montrent comment l'introduction de Wolbachia dans Aedes aegypti bloque la propagation de ce dernier et sa transmission à un hôte.
Une charge virale réduite ou inexistante
Les chercheurs ont travaillé pour cela sur deux types de moustiques, les uns porteurs de Wolbachia et les autres non. Ils ont nourri l'ensemble de sang humain infecté d'une forte concentration de Zika. Au bout de 17 jours, la présence du virus était relevée dans la salive (principale mode de transmission à l'homme via une piqûre) de la totalité des moustiques non porteurs de Wolbachia. Alors que la charge virale se trouvait réduite ou inexistante chez les moustiques porteurs de la bactérie.
Objectif : 80 % de moustiques porteurs de Wolbachia
Les chercheurs précisent toutefois que l'introduction de Wolbachia, naturellement présente chez 60 % des insectes courants (dont les papillons et les mouches des fruits), n'a pas d'autre effet sur Aedes Aegypi. Mais une fois présente dans l'organisme des femelles la bactérie passe à leur progéniture, ce qui permet de faire croître de façon exponentielle la population de moustiques porteurs. L'objectif visé serait de pouvoir étendre à 80 % la population des porteurs de Wolbachia dans les zones de forte prévalence du virus.
« Ces résultats illustrent l'efficacité d'un nouveau mode de contrôle biologique dans la lutte contre l'épidémie de Zika », se félicite Matthew Aliota. De fait, d'autres études ont fait jour ces derniers mois poursuivant cette piste. L'une des dernières en date, publiée en avril dernier dans « Plos neglected disease » et émanant de la même équipe, expérimentait l'introduction d'une souche ciblée de Wolbachia chez Aedes aegyti pour faire barrage au chikungunya.
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