Zika : un nouvel éclairage sur la transmission mère-enfant

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Publié le 27/05/2016

La question de la transmission mère-enfant du virus Zika pendant la grossesse restait encore pour une bonne part une énigme. Ce serait en partie via les cellules placentaires d’Hofbauer suggère une étude américaine publiée dans la revue « Cell Host & Microbe ». Celles-ci sont des macrophages issus de cellules souches du tissu conjonctif au cours du développement fœtal. Mehul Suthar, professeur assistant en pédiatrie, et ses collègues de la faculté de médecine Emory à Atlanta, ont précisément mis en évidence un gène viral dans ces cellules placentaires collectées sur un fœtus mort d'une infection par le Zika.

« Nos travaux montrent que ces cellules constituent une cible pour le virus et que sa réplication à ce niveau permet au virus de traverser la barrière placentaire pour s'introduire dans la circulation sanguine du fœtus », expliquent les auteurs. Ces travaux ont également montré qu'un autre type de cellules que l'on retrouve dans la barrière placentaire, les cytotrophoblastes, sont infectés dans une moindre mesure par le virus.

Le risque de microcéphalie peut atteindre 13 %

Une autre étude publiée dans le « New England Journal of Medicine » livre, quant à elle, la première estimation du risque de microcéphalie du fœtus chez les femmes enceintes infectées par le Zika pendant l'épidémie actuelle qui s'est propagée dans plus de 40 pays. Le risque pour le fœtus varie dans ce cas de 1 à 13 % est-il indiqué. Pour comparaison, cette malformation congénitale irréversible est normalement très rare et concerne 0,02 à 0,12 % de toutes les naissances aux États-Unis.

Des chercheurs des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) sont parvenus à cette fourchette d'estimation en créant un modèle mathématique basé sur des statistiques d'infection par le Zika et de cas de microcéphalie en Polynésie française, qui a connu une flambée en 2013, ainsi que dans l'État de Bahia au Brésil.

Cependant, ce risque paraît très faible au-delà de trois mois. Les résultats montrent une relation très forte de cause à effet entre une infection par le virus Zika durant le premier trimestre de grossesse et le risque de microcéphalie du fœtus qui est négligeable au second et troisième trimestre de gestation.

Toutefois, plus de recherches sont nécessaires pour comprendre les effets du zika à tous les stades de la grossesse, estiment les spécialistes. « Si le risque d'infection par le Zika chez des femmes enceintes et de microcéphalie du fœtus qu'elles portent est similaire dans les autres zones géographiques où le virus ne s'est pas encore propagé, on peut s'attendre à de nombreux cas de microcéphalie et d'autres effets cérébraux néfastes », mettent en garde les auteurs de l'étude.

Des troubles oculaires sévères associés

Les nouveau-nés atteints de microcéphalie souffrent aussi de troubles oculaires sévères, relève par ailleurs une autre série de travaux dans la revue « Ophtalmology ». Lésions et hémorragies rétiniennes, développement anormal des vaisseaux… des chercheurs brésiliens de l'université de Sao Paulo et américains de l'université de Stanford ont observé pour la première fois ces lésions ophtalmiques chez 3 bébés microcéphales. Des troubles aux lourdes conséquences si elles ne sont pas traitées.

Ces 3 petits garçons présentaient également les anomalies oculaires observées lors de travaux précédents, tels que des lésions du nerf optique ou des maculopathies pigmentaire (accumulation de dépôts sur la rétine). Ces anomalies pourraient entraîner une cécité chez un grand nombre d'entre eux. Pour assurer le meilleur accompagnement à ces enfants, les auteurs insistent sur l’importance de dépister ces troubles chez tous les bébés atteints de microcéphalie.

Betty Mamane

Source : lequotidiendumedecin.fr