L'INSERM a présenté ce jour son expertise collective sur « Activité physique, prévention et traitement des maladies chroniques ». Cette analyse exhaustive de la littérature internationale par un groupe de 14 experts a été réalisée afin d'évaluer l'impact de l'activité physique sur les maladies chroniques et sa place dans le parcours de soins des patients.
L'ouvrage de plus de 800 pages qui en résulte répond à trois objectifs : « comprendre les mécanismes d'actions de l'activité physique dans les affections de longue durée, aider à la conception de programmes d'activité physique adaptés pour que les patients en retirent le maximum de bénéfices et identifier les déterminants qui font que les patients adhèrent ou non à une activité pérenne », liste le Pr François Carré, cardiologue à Rennes et membre du groupe d'experts.
« Bouger ne suffit plus »
Dix pathologies ont été passées en revue : pathologies métaboliques, cardiovasculaires, pulmonaires, ostéoarticulaires, mentales et cancer.
« Nous disposons d'arguments solides en faveur de l'intégration de l'activité physique adaptée dans le parcours de soins des patients, indique Grégory Ninot, professeur en psychologie à Montpellier et membre du groupe d'experts. Bouger plus ne suffit plus, il faut prescrire aux personnes malades chroniques des programmes personnalisés et bien dosés ».
« Les études montrent qu'une activité modérée est suffisante, une activité trop intense peut être contre-productive », ajoute le Dr Béatrice Fervers, oncologue à Lyon, également membre du groupe d'experts.
Le repos n'est plus la règle, après l'avoir longtemps été. Les bénéfices d'une activité physique régulière et adaptée chez des personnes atteintes de maladies chroniques sont désormais bien démontrés et nombreux. Par exemple, l'activité physique est le traitement de première intention pour le diabète de type 2, la dépression légère ou modérée et l'artériopathie des membres inférieurs. En cancérologie, il s'agit du seul traitement efficace pour lutter contre la fatigue. Chez des patients malades chroniques, l'activité physique permet de prévenir la survenue de comorbidités.
La question du remboursement, un frein à l'observance
Pour accompagner ce changement de paradigme et favoriser l'adhésion des patients, mais aussi des professionnels de santé, les experts ont établi à partir des connaissances scientifiques des recommandations adressées aux autorités de santé.
Ils soulignent notamment l'importance d'intégrer des modules relatifs à la prescription d'activité physique au sein de la formation des étudiants en médecine et de la formation continue.
Ils recommandent également d'intégrer l'activité physique dans le parcours de soins des patients atteints de maladie chronique le plus tôt possible après le diagnostic. Les programmes d'activité doivent répondre aux caractéristiques des patients et prendre en compte leur préférence afin de favoriser l'observance et l'engagement du patient.
« Un des freins à l'observance est l'absence de remboursement. Avec cette expertise collective, tous les arguments y sont en faveur », estime Grégory Ninot, qui appelle les décideurs à « trouver les meilleures solutions pour pouvoir aider les patients ».
Enfin, la promotion de la recherche est essentielle pour faire avancer les connaissances, notamment sur les effets à long terme et en conditions réelles de l'activité physique, les mécanismes d'action et les modalités d'intégration de l'activité dans les parcours de soins.
« Cet ouvrage de référence représente une nouvelle étape pour permettre de passer d'une médecine toute curative à une médecine associant curatif et préventif », estime le Pr Carré.
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