La 21e édition du congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE, collége académique) s'est ouverte ce mercredi 1er décembre au Grand Palais de Lille, une édition qui attend plus de 3 000 participants pour trois jours. Santé environnementale, allongement de l'internat de médecine générale, charte des 12 000 maîtres de stage des universités : le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE et professeur de médecine générale à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, revient pour « Le Quotidien » sur les priorités du secteur.
LE QUOTIDIEN : Vous consacrez une plénière de votre congrès à la santé environnementale. Pourquoi est-ce un enjeu crucial pour la médecine générale ?
PR OLIVIER SAINT-LARY : Selon le dernier rapport de Santé Publique France, la pollution environnementale provoque le décès de 50 000 personnes en France ! Une surmortalité principalement liée aux particules fines. Toute comparaison gardée, cela représente au moins 100 décès journaliers, ce qui est finalement au-delà de l’épidémie de Covid dans sa phase habituelle.
Il y a une épidémie de décès continue liée à la pollution et qui est, peut être par habitude, moins considérée. Il est important d’en prendre collectivement conscience. Les généralistes peuvent agir sur différents axes que nous présenterons lors de cette plénière. Déjà, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, nous présenterons des conseils utiles pour avoir un cabinet écoresponsable, essayer en tant que généraliste d’être plus actifs sans entrer dans la coercition.
La santé environnementale, c’est aussi la connaissance de la pollution locale pour le médecin et des répercussions sur sa patientèle. Nous allons revenir sur l’exemple du chlordécone avec un confrère qui exerce aux Antilles, et la prise en charge spécifique en fonction du diagnostic environnemental.
La refonte de la maquette du DES de médecine générale est l'un des enjeux pour les enseignants. Vous êtes en faveur d’une 4e année d’internat pour les futurs généralistes. Quand cela deviendra-t-il concret ?
Nous continuons à travailler sur cette nouvelle maquette et avons beaucoup avancé sur le plan pédagogique, de concert avec les étudiants et internes. L’idée est d’ajouter une 4e année d’internat réellement professionnalisante, pour accompagner le projet professionnel des futurs généralistes. Cette maquette en 4 ans est consensuelle, grâce aux groupes de travail que nous avons formé entre étudiants et enseignants. Il y a encore des discussions sur les modalités de rémunération des internes, qui seront sous le statut de docteur junior mais en ambulatoire. Cela nécessitera une adaptation des textes réglementaires qui complexifie un peu le processus. Les pouvoirs publics sont en train d’étudier la possibilité de faire évoluer les textes.
Ce que nous pensons, c’est qu’il faut une meilleure formation – en coconstruction avec les internes – pour la médecine générale, plutôt que de proposer des mauvaises idées, comme l’obligation d’exercice dans des déserts médicaux. La coercition est une mauvaise idée, qui risquerait de pénaliser le DES de médecine générale.
Vous recensez 11 830 maîtres de stage des universités. Où en est la refonte de la charte des MSU ?
Nous allons justement cosigner cette nouvelle charte lors du congrès, avec la présidente de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). La grande nouveauté c’est que, pour la première fois, nous avons travaillé conjointement entre enseignants et internes.
Cette charte ira plus loin en termes d’engagement sur la qualité de la formation, avec des obligations de formation régulières des maîtres de stage. Nous allons aussi borner le nombre maximal d’actes qui pourront être proposés aux internes de médecine générale en stage. Ainsi, pour assurer à la fois une activité importante de l’interne mais aussi la qualité de sa formation, il est prévu que l'interne ne puisse réaliser plus de 500 actes lors du semestre de médecine générale ambulatoire de niveau 1 – et 1500 actes lors du semestre de niveau 2.
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