En combinant intelligence artificielle et électrodes d’électrostimulation neuromusculaire, la start-up lyonnaise Kurage s’est donné pour mission d’aider les personnes en situation de handicap à retrouver la mobilité qu’ils ont perdue à l’aide d’appareils dédiés.
La start-up est née en mars 2019, à la suite de l’accident d’un physicien du CNRS, Vance Bergeron, devenu tétraplégique après un accident de vélo. Très grand sportif, il se met alors à développer des prototypes lui permettant de reprendre une activité physique. « Mon objectif en créant Kurage était de rendre sa mobilité à Vance, qui était mon directeur de thèse », raconte Rudi Gombauld, PDG de la start-up. Par la suite, cette ambition est devenue plus large : rendre l’activité physique accessible à tous.
La solution de Kurage est le fruit d’un travail partenarial entre les laboratoires de l’ENS/CNRS, les Hospices civils de Lyon, l’hôpital de Saint-Étienne, la Faculté des sciences et des sports de Dijon et l’incubateur technologique Pulsalys.
Kurage a déjà développé un vélo et un rameur qui sont équipés de la neuroprothèse Neuroskin : le dispositif est constitué de capteurs et d’électrodes qui délivrent la stimulation électrique fonctionnelle sous le pilotage d’une intelligence artificielle (Neurostim Kurage), qui imite puis augmente les capacités du système nerveux central.
Ce système est capable de reproduire des mouvements de façon automatisée, personnalisée et sécurisée. Ces algorithmes permettent ainsi d’augmenter la précision de l’entraînement, de faire travailler les groupes musculaires de façon synchrone et d’intensifier l’exercice musculaire de façon appropriée.
« L’intérêt de ces dispositifs est de stimuler et de renforcer les muscles facilement et rapidement. Dans les maladies neurodégénératives, on observe une fonte rapide de la masse musculaire », explique la Dr Julie Di Marco, médecin en médecine physique et de réadaptation, spécialisée dans les pathologies neuromusculaires et associée de Kurage.
Remettre les patients plus vite debout
Le courant électrique stimule le muscle, « ce qui permet de recréer un mouvement et d’oxygéner le muscle », souligne-t-elle, précisant que « cela améliore le volume musculaire, la force, mais aussi, dans un second temps, cela réduit les risques de cholestérol et de diabète. La qualité de vie est aussi nettement améliorée ».
Pour elle, « l’électrostimulation permet de remettre les gens plus vite debout ». Rudi Gombauld ajoute que « l’objectif est d’abord d’accompagner les patients dans leur rééducation, puis dans leur pratique du sport-santé, voire de l’athlétisation ».
Julien Vedani, un patient atteint de sclérose en plaques (SEP), témoigne ainsi de son expérience avec le vélo de Kurage : « J’ai commencé par deux sessions par semaine en septembre 2021, puis une fois par semaine en janvier. En six mois, ma jambe gauche a récupéré 80 % de la masse musculaire que j’avais perdue en plusieurs années », apprécie-t-il. Il confie avoir également gagné en équilibre et en laxité dans ses mouvements.
Un collant de marche en développement
La Dr Di Marco précise que pour que l’électrostimulation fonctionne, il faut que l’intégralité du nerf soit présente. « Elle est donc indiquée dans des pathologies cérébrales comme l’AVC, la SEP ou la maladie de Parkinson, mais aussi pour des patients victimes d’accidents de la route et souffrant de lésions médullaires », détaille-t-elle.
Actuellement, les équipes de Kurage développent un collant de marche, un prototype est testé sur les patients. « Nous recherchons environ 100 personnes pour le tester et nous faire des retours. Nous concevons nos dispositifs avec les patients », précise Rudi Gombauld. La start-up, qui a reçu une subvention de BPI France via la bourse French Tech Emergence, a obtenu en 2020 le label Deeptech de BPI. Un partenariat s’est monté avec APF France handicap (TechLab) pour l’expérimentation par l’usage des produits Kurage en établissements médico-sociaux.
En 2022, une dizaine de structures sont déjà équipées avec du matériel Kurage (centres de soins de suite et de réadaptation, centres médico-sociaux, clubs de sport-santé, Fédération française d’aviron).
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