L’efficacité de la réhabilitation respiratoire sur la dyspnée, la tolérance à l’effort et la qualité de vie des patients BPCO est de classe A, selon la médecine basée sur les preuves (1). Coût efficace, elle limite le recours aux soins, et la durée d’hospitalisation lors d’exacerbation (2).
Le patient dyspnéique se sédentarise, développe une atteinte des muscles périphériques, qui aggrave progressivement son handicap « Participent à ce cercle vicieux inflammation, stress oxydatif, exacerbations, dénutrition, et une part psychologique (peur de bouger, perte de confiance et dépression) », indique le Dr Sandrine Stelianides, pneumologue à l’hôpital Bichat.
Le rationnel de la réhabilitation repose sur l’interruption de cette spirale négative. La réhabilitation respiratoire s’adresse au patient BPCO à l’état stable (essoufflé, quel que soit le stade GOLD) ou en post-exacerbation.
L’équipe transdisciplinaire coordonnée par un médecin évalue soigneusement le patient, puis propose un programme adapté. Celui-ci inclut réentrainement à l’effort supervisé, éducation thérapeutique et si besoin accompagnements psychologique, social, et nutritionnel.
L’éducation thérapeutique concerne de nombreux champs (traitements, gestion du souffle, plan d’action…), elle est surtout individualisée afin d’« élaborer avec le patient un projet de vie », précise le Dr Stelianides. Certains sont proactifs (salle de sport, activités quotidiennes), d’autres ont besoin d’aide (association de patients, structure sport santé, ou temporairement kinésithérapeute).
Le rôle clé du médecin généraliste
Le généraliste est en 1re ligne pour dépister la dégradation de la qualité de vie. Insidieux, les signes passent souvent inaperçus. Une fiche d’information téléchargeable sur le site de la société de pneumologie de langue française (4) peut être affichée en salle d’attente.
Ensuite pour convaincre le patient de l’utilité d’une réhabilitation respiratoire « s’il a une culture du sport, il sera plus réceptif. Ne pas s’arrêter à un refus. Rechercher des facteurs de motivation, proposer de consulter les témoignages de patients sur les réseaux sociaux », suggère la spécialiste.
Puis pour prescrire et savoir où adresser le patient. Le Dr Stelianides conseille de « se référer à la carte de France de la réhabilitation (4) ». Selon l’offre, la gravité et les préférences du patient, la réhabilitation se fait en SSR (4 semaines), en ambulatoire (20 séances de 1 à 3 heures en hôpital de jour ou réseaux), ou plus rarement à domicile.
Enfin, pour renforcer les changements de comportement et les acquis (en s’aidant du compte rendu de réhabilitation). « Un patient soutenu continue à s’améliorer », souligne le Dr Stelianides. En France, seuls 10 à 15 % des patients éligibles ont une réhabilitation respiratoire. Des progrès sont à faire pour la prescrire, mais aussi pour augmenter l’offre de soin.
(1) Mccarthy B et al., Pulmonary rehabilitation for chronic obstructive pulmonary disease.Cochrane Database Syst Rev. 2015 Feb 23;(2):CD003793
(2) Jouneau S1 et al., Management of acute exacerbations of chronic obstructive pulmonary disease (COPD). Guidelines from the Société de pneumologie de langue française. Rev Mal Respir. 2017 Apr;34(4):282-322.
(3) www.splf.fr, onglet « groupe de travail », puis « alvéole »
(4)HAS. Points clés et solutions. Organisation des parcours. Comment mettre en œuvre la réhabilitation respiratoire pour les patients ayant une bronchopneumopathie chronique obstructive ? mai 2014. www.has-sante.fr
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