« Notre recherche était grandement nécessaire. L’anorexie mentale est une maladie qui peut engager le pronostic vital, et il est incroyable de constater le manque d’information sur la façon de la traiter », souligne dans un communiqué le Dr James Lock (université médicale de Stanford) qui a co-dirigé l’étude avec le Pr Daniel Le Grange (université médicale de Chicago). Selon ce dernier, « cette étude démontre sans équivoque que pour une adolescente atteinte d’anorexie mentale et médicalement stable, la thérapie familiale doit être le traitement de choix ». Il ajoute, toutefois, que la psychothérapie individuelle réussit mieux dans certains cas. Les chercheurs analysent maintenant les données pour établir s’il est possible d’identifier des sous-groupes pour lesquels l’un ou l’autre traitement serait plus indiqué.
24 sessions d’une thérapie.
Dans l’étude, 121 adolescents atteints d’anorexie mentale (âgés de 12 à 18 ans), essentiellement des jeunes filles (91 %), ont été affectés par randomisation pour bénéficier, pendant un an, de 24 sessions d’une thérapie soit familiale, soit individuelle. Les patients étaient évalués au début, puis à la fin d’un traitement de 1 an, et enfin 6 et 12 mois après l’arrêt.
La thérapie familiale (ou méthode de Maudsley) est conduite en 3 phases. Elle favorise le contrôle parental de la restauration du poids, tout en améliorant le fonctionnement familial face au développement de l’adolescent. Les parents sont pris comme « co-thérapeutes » et guidés pour aider l’adolescent à manger suffisamment et à ne pas se surmener physiquement. Un parent doit notamment être présent à chaque repas et chaque goûter.
La thérapie individuelle, à l’inverse, se focalise sur le traitement de l’anxiété et des problèmes émotionnels sous-jacents du patient. Elle ne fait que très peu intervenir les parents.
Le principal critère d’efficacité était le taux de rémission complète c’est-à-dire normalisation du poids et du comportement alimentaire. À la fin du traitement, 42 % des patients en thérapie familiale étaient en rémission complète, contre seulement 23 % de ceux en thérapie individuelle. La différence est, cependant, jugée comme non significative.
Significativement supérieure.
Mais après 6 et 12 mois de suivi, la thérapie familiale se montre significativement supérieure à sa concurrente. Le taux de rémission complète à 6 mois se chiffre à 40 % pour les patients en thérapie familiale, contre 18 %. À 12 mois, les taux s’établissent respectivement à 49 et 23 %. En ce qui concerne les rémissions partielles, les deux traitements donnent les mêmes taux à 6 et 12 mois. Enfin, durant la prise en charge, moins d’adolescents en thérapie familiale ont été hospitalisés pour stabilisation médicale (seulement 15 %, contre 37 % pour les autres).
« Bien que les deux traitements aient apporté une amélioration considérable et se montrent d’efficacité similaire pour aboutir à une rémission complète à la fin du traitement, la thérapie familiale apparaît plus efficace quand il s’agit de parvenir à la rémission complète au terme de 6 et 12 mois de suivi », concluent les auteurs.
Le Dr Lock espère que les résultats de l’étude encourageront le recours à la thérapie familiale. « Les parents peuvent être utiles. Il faut reconsidérer le modèle qui consiste à hospitaliser les enfants, qui de fait exclut les parents, ou la notion qu’un adolescent peut gérer son comportement alimentaire sans l’aide de ses parents alors qu’il est absorbé dans la pensée anorexique ».
Archives of General Psychiatry, 4 octobre 2010.
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