Référent nutrition

Une formation certifiée pour les soignant.e.s

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Publié le 16/10/2017
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aides soignantes

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Faute de temps et de moyens, certains résidents de l'EHPAD de Paimboeuf (Loire-Atlantique) sont restés plusieurs semaines, cet été, sans prendre de bain. Débordés, les soignant.e.s de cette maison de retraite ont dénoncé publiquement leurs conditions de travail déplorables et leur désarroi face au sentiment de travail mal fait. En juin dernier, l'association AD-PA (directeurs de maisons de retraite et services à domicile) avait, pour sa part, réclamé une augmentation urgente les moyens dédiés à la prise en charge de la vieillesse en France. L'association avait alors souligné que 80 % des cas de maltraitances de personnes âgées surviennent au domicile, contre 20 % en établissement.

Des mauvais traitements, qui peuvent se manifester par une prise en compte incomplète des attentes des seniors, un accompagnement trop rapide dans les actes quotidiens, ou une écoute insuffisante.

Mettre fin aux négligences...

Annie Rodier, évaluatrice dans les EHPAD, consultante et formatrice au sein du cabinet TLC (1) témoigne, quant à elle, de négligences concernant l'alimentation des personnes âgées. « Lors des évaluations que j'ai réalisées, j'ai été très surprise d'observer les mauvaises conditions de vie de résidents de certains EHPAD. Dans une maison de retraite, par exemple, les infirmier.e.s quittaient tous les soirs à 18 heures. Faute de personnel qualifié, il avait été décidé de ne pas donner à manger le soir aux résidents pour éviter tout risque de fausse route. Dans d'autres établissements, entrées, plats, desserts et médicaments étaient mixés ensemble. Le potage servi le soir était constitué des restes du déjeuner. L'hygiène bucco-dentaire était négligée ».

Fort heureusement, ces situations dramatiques restent minoritaires au sein des EHPAD. Mais des progrès restent à faire, notamment pour prévenir la dénutrition chez les personnes âgées. « En tant qu'auditeur qualité pour l'Afnor, j'ai participé il y a deux ans, à l'élaboration de la formation « Référent nutrition ». Celle-ci a pour objectifs de prévenir les risques et de sensibiliser les équipes soignantes à la dénutrition des personnes âgées dans les hôpitaux et les structures spécialisées », indique Annie Rodier.

… et gagner en compétences

Cette formation, qui dure quatre jours, offre aux aides-soignant.e.s et infirmier.e.s des modules de physiopathologie du sujet âgé. Les causes, mécanismes et conséquences de la dénutrition et les moyens de la prévenir sont également abordés. Un focus est effectué sur les modifications liées à l'âge, le rôle social du temps et l'importance d'une nourriture adaptée à l'état de santé du sujet âgé. Enfin, des éléments réglementaires (recommandations de la HAS et de l'agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médicosociaux) sont délivrés.

À l’issue de cette formation, les soignant.e.s doivent passer un examen pour obtenir une certification Afnor, témoignant de leurs connaissances et compétences acquises en matière de dénutrition. À ce jour, 6 établissements ont bénéficié de la formation « Référent Nutrition » en France. « Cette certification permet aux soignant.e.s d'avoir plus de poids auprès de leur hiérarchie pour proposer de changements dans les processus pour lutter contre la dénutrition des résidents. Par exemple, la façon dont un.e aide-soignant.e.s donne le repas à une personne âgée ou encore, l'aspect de la salle à manger, sont des éléments déterminants pour favoriser l'alimentation en maison de retraite », conclut Annie Rodier.

(1) D'après un entretien avec Annie Rodier, évaluatrice dans les EHPAD, consultante et formatrice au sein du cabinet TLC (Amiens)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Nutrition