LA CÉCITÉ est souvent le fait de la mort des photorécepteurs de la rétine, cellules qui permettent la première étape de la vision en transformant la luminosité d'une image en influx nerveux envoyé au cerveau.
Tandis que les photorécepteurs en forme de bâtonnets, situés principalement en périphérie de la rétine, perçoivent les nuances de gris en éclairage faible (vision nocturne), les cônes, surtout abondants au centre de la rétine, fonctionnent à la lumière du jour et permettent de distinguer les détails et les couleurs (vision de jour).
« Chez l'homme et de nombreux autres mammifères dont la souris, des mutations génétiques perturbent le fonctionnement des bâtonnets et entraînent leur mort, ce qui se traduit par une cécité nocturne. Suite à la mort des bâtonnets, les cônes meurent également alors qu'ils sont génétiquement normaux, comme si leur survie dépendait de la survie des bâtonnets environnants. Leur perte conduit alors à une cécité complète », explique au « Quotidien » le Dr Constance Cepko, chercheuse à la Harvard Medical School de Boston.
« Nous avons découvert que nous pouvons favoriser la survie des bâtonnets génétiquement défectueux dans un modèle murin de rétinite pigmentaire. Nous y sommes parvenus en délivrant un gène codant pour l'histone désacétylase 4 (HDAC4). Ce traitement permet aux bâtonnets de survivre plus longtemps, même s'ils restent défectueux, et les cônes vivent donc également plus longtemps ».
Constance Cepko et Bo Chen (Harvard Medical School à Boston), qui publient leur travail dans la revue « Science », voulaient préciser la fonction de l'histone désacétylase 4 (HDAC4) dans la rétine.
En manipulant l'expression de l'HDAC4 dans la rétine normale des souris, les chercheurs ont constaté que la réduction de son expression durant le développement rétinien normal conduit à l'apoptose des bâtonnets (première couche de neurones rétiniens) et des interneurones bipolaires (seconde couche de neurones rétiniens), tandis que l'augmentation de son expression réduit la mort naturelle des interneurones bipolaires.
Survie des cônes et des bâtonnets prolongée.
Lorsque les chercheurs ont surexprimé l'HDAC4 dans un modèle souris de dégénérescence rétinienne, ils ont pu constater que la survie des deux types de photorécepteurs, bâtonnets et cônes, était prolongée.
Cet effet bénéfique sur la survie a pu être attribué à l'activité de l'HDAC4 dans le cytoplasme et repose au moins partiellement sur l'activité du facteur HIF-1 alpha (facteur-1 inductible par l'hypoxie, un facteur de transcription clé).
Ainsi donc, l'histone désacétylase 4 (HDAC4) joue un rôle important pour favoriser la survie des neurones rétiniens.
Des implications cliniques.
« Nous espérons que nous pourrons préserver un peu plus longtemps la vision de jour chez les personnes atteintes de rétinite pigmentaire, en ralentissant la mort des bâtonnets grâce à la délivrance par un virus de l'HDAC4 », fait entrevoir le Dr Cepko.
« Nous cherchons également à savoir si l'HDAC4 peut être délivrée directement aux cônes, en utilisant un virus, afin de sauver les cônes même si les bâtonnets sont déjà morts. »
« Toutefois, précise-t-elle, cette recherche est encore à un stade très expérimental et il reste beaucoup à faire avant de savoir si cela sera efficace et sans risque chez l'homme. »
« Science », 9 janvier 2009, p. 256, Chen et coll.
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