Bien utiliser les yoyos

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Publié le 15/07/2022
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La pose d’aérateurs transtympaniques est l’une des interventions la plus pratiquée chez l’enfant. Le point sur les indications, les contrôles et les informations à donner aux parents.
Capes et bouchons ne sont plus recommandés : on peut mouiller les oreilles sans restriction

Capes et bouchons ne sont plus recommandés : on peut mouiller les oreilles sans restriction
Crédit photo : phanie

Les recommandations de la Société française d’ORL (SFORL) sur la prise en charge des otites séromuqueuses (OSM) de l’enfant datent de 2016. Elles ont été suivies en 2017 d’une fiche « pertinence des soins » de la HAS. En 2022, c’est l’Académie américaine de chirurgie ORL et de la tête et du cou qui a publié (1) ses recommandations sur la pose d’aérateurs transtympaniques (ATT).

Deux indications précises

La pose d’ATT est recommandée dans deux cas bien définis : une OSM qui persiste depuis plus de trois mois avec une perte d’audition de plus de 25 dB et un retard de langage ; une OMA récidivante avec OSM intercurrente, plus de cinq à six fois par an. « Il n’existe aucun traitement médicamenteux efficace de l’OSM chronique (> 3 mois) : corticoïdes, antibiotiques, antihistaminiques sont inefficaces, insiste le Dr François Simon (Hôpital Necker-enfants malades, Paris). Un avis ORL s’impose en cas de pathologie vélaire, de surdité sous-jacente, de retard de la parole ou des acquisitions ainsi qu’en cas de pathologie du tympan associée. » Dans ces situations, un test audiométrique adapté à l’âge de l’enfant est nécessaire.

Chez les enfants âgés de plus de quatre ans et en cas d’obstruction nasale, il est recommandé d’associer une adénoïdectomie. La pose des ATT s’effectue généralement en ambulatoire sous anesthésie générale de courte durée.

Un risque d’otorrhée

Il existe deux grandes catégories d’ATT : ceux de courte durée (type Shepard), en téflon, qui sont expulsés spontanément en six à huit mois (pas forcément, dans le même délai dans les deux oreilles : prévenir les parents) et ceux de longue durée (T-tube en silicone), qui sont retirés au bout de deux ans par un geste simple, en consultation. L’ATT est généralement bien toléré.

Dans la semaine suivant la pose, une otorrhée sébohémorragique peut survenir (20-30 % des cas selon la littérature). Des gouttes antibiotiques-corticoïdes locales (ciprofloxacine + dexaméthasone) sont alors prescrites matin et soir pendant cinq à sept jours. Une antibiothérapie par voie générale peut être associée en cas de fièvre ou d’altération de l’état général. Si l’otorrhée est chronique, l’ablation de l’ATT peut être discutée.

Dans des cas plus rares (moins de 5 %), une obstruction peut se produire (otorrhée sèche) : des gouttes auriculaires seront alors prescrites pour diluer le bouchon.

Parmi les autres complications postopératoires rares, on peut citer la formation de granulome (5 %), l’expulsion prématurée de l’ATT (< 5%), la migration de l’ATT dans la caisse du tympan (< 0,5%). D’autres complications plus tardives peuvent se produire : une perforation tympanique séquellaire (< 5%), une poche de rétraction localisée (< 1%), un cholestéatome iatrogène (0,5 %).

Ne pas limiter l’accès à l’eau

« La protection des oreilles vis-à-vis de l’exposition à l’eau (toilette, baignades) reste souvent une inquiétude pour les parents. Il convient de les rassurer. L’eau ne traverse pas l’ATT, sauf en cas de pression importante. Le risque d’augmentation du taux d’otorrhée est modéré ou nul. Il n’y a donc aucune recommandation de limitation d’activité, ni de précaution (bouchons, cape…) à prendre », explique le Dr Simon. Cependant, des précautions peuvent être prises en cas d’épisodes fréquents d’otorrhée, de plongée sous-marine ou encore de nage dans des lacs ou de l’eau non chlorée.

Communication du Dr François Simon (Paris)

(1) RM Rosenfeld et al. Otolaryngol Head Neck Surg. 2022 Feb;166(1_suppl):S1-S55

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin