Conséquence de la grande prématurité

Le risque d’autisme semble doublé

Publié le 29/01/2009
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Crédit photo : S Toubon

LES CONCLUSIONS de chercheurs à propos du lien entre la grande prématurité et la survenue d’un syndrome autistique restent à prendre au conditionnel. Il faut y voir plutôt une sensibilisation des médecins à un dépistage précoce qu’une notion de prédictivité.

Kari Kuban (Boston) et coll. ont, en fait, cherché à vérifier les données d’études récentes suggérant une telle relation… Tout en sachant que les syndromes autistiques sont également liés à certaines conséquences des naissances avant terme (les crises convulsives, par exemple).

Au moins 3 mois avant terme.

L’équipe s’est donc intéressée à plus de 1 500 nouveau-nés de la cohorte ELGAN (extremely low gestational age newborn) tous nés au moins 3 mois avant terme. Parmi eux, à l’âge de deux ans, 988 ont été dépistés au moyen du test M-CHAT (modified checklist for autism in toddlers). Alors que dans la population générale des enfants le test donne une positivité de 5,7 %, parmi ceux de la cohorte ce taux est de 21 %. Toutefois un certain nombre de handicaps associés peuvent avoir faussé les statistiques : troubles moteurs, visuels (3 % des cas) ou cognitifs (26 %) ; crises convulsives (11 %). Après avoir pris en compte ces pathologies, K. Kuban et coll. notent que le surrisque concerne 10 % des grands prématurés, soit un risque doublé de survenue d’un syndrome autistique.

Un doute persiste sur ces données dans la mesure où le test M-CHAT est conçu pour les enfants de trois ans et non de deux. Mais sa valeur clinique demeure dans la perspective d’un dépistage précoce. Comme le font remarquer de concert les auteurs et des éditorialistes, le diagnostic d’autisme est le plus souvent posé après des années d’évolution. En l’évoquant très tôt, les enfants à risque pourraient bénéficier d’une prise en charge organisée. Il reste donc à valider la valeur prédictive du test M-CHAT chez les grands prématurés et les enfants handicapés afin de suivre les recommandations concernant le dépistage de cette affection. Un argument de plus pour proposer des études complémentaires.

Journal of Pediatrics, janvier 2009.

 Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr