« Un état de délabrement du secteur pédiatrique » : le cri d’alarme du Dr Jérémy Do Cao (SNPEH)

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Publié le 23/05/2024
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À l’occasion des Assises de la pédiatrie qui se tiennent ce vendredi 24 mai, le Syndicat des pédiatres en établissement hospitalier (SNPEH) alerte sur « l’état de délabrement » du secteur.

Crédit photo : DR

Frédéric Valletoux présente officiellement ce vendredi, à l’occasion des Assises de la pédiatrie, un train de mesures pour répondre à la crise du secteur. Le plan, déjà largement éventé, s’appuie sur le rapport de 200 pages corédigé par Adrien Taquet, ex-secrétaire d’État à l’Enfance, et la Pr Christelle Gras Le Guen, ancienne présidente de la Société française de pédiatrie. Les pédiatres hospitaliers réclament un choc d’attractivité pour revaloriser les métiers de l’enfance.

LE QUOTIDIEN : À la veille d’annonces ministérielles pour le secteur de la pédiatrie, quelles sont vos priorités ?

Dr Jérémy DO CAO : Nous voulons surtout de véritables mesures et des financements budgétés à court et à long terme. Ce sont des réponses fortes que nous attendons depuis au moins deux ans. En 2022, je rappelle que 10 000 professionnels de santé et associations de patients avaient même signé une lettre ouverte au président Macron pour l’alerter sur la situation de crise du secteur de la santé de l’enfant !
L’accès aux soins d’urgence pédiatrique est de plus en plus compromis en France, comme l’illustre le récent rapport des Assises de la pédiatrie. Pour préserver les urgences pédiatriques, le plan doit garantir un financement fléché, pérennisé et sanctuarisé. Les pédiatres représentent seulement 3,3 % des médecins mais sont confrontés à des défis uniques liés aux soins des enfants qui constituent 21 % de la population. On parle ici de la santé de nos futurs concitoyens.

Vous appelez à une augmentation significative du nombre de postes d’internes en pédiatrie. Est-ce pour anticiper le changement de la maquette de l’internat de médecine générale qui prévoit de faire passer leur stage de pédiatrie de six mois à trois mois ?

Les internes de médecine générale ne sont pas là pour faire tourner les services de pédiatrie mais comme, en effet, leur nouvelle maquette pourrait diminuer de moitié leur temps à l’hôpital, il va aussi falloir réfléchir à comment s’organiser. Il faut qu’on puisse recruter des PH directement dans les services de pédiatrie parce que manifestement nous ne sommes plus assez nombreux. Très régulièrement, il y a des fermetures de services d’urgence en pédiatrie, qu’elles soient partielles ou temporaires. Mais pour recruter, cela nécessite des investissements financiers pour inciter les praticiens hospitaliers à venir dans nos services.

Si le plan n’est pas jugé à la hauteur des enjeux, une grève des pédiatres est-elle possible ?

Un mouvement du secteur ne serait ni franc ni brutal. Nous en sommes plutôt à un point où c’est la lassitude qui prédomine. Nous analyserons avec attention les annonces définitives du gouvernement. Mais si celles-ci montrent qu’il n’a pas pris la mesure de l’état de délabrement du secteur pédiatrique, la question ne sera plus de faire un grand mouvement de grève comme le secteur privé l’a décidé à partir du 3 juin. Chez nous, je crains que ce soit juste des pédiatres qui baisseront les bras, progressivement, insidieusement, avant de raccrocher la blouse.

Propos recueillis par François Petty

Source : lequotidiendumedecin.fr