COMMENT faire en sorte que les opérations chirurgicales de nos chères têtes blondes se déroulent sans problème ? Sans doute en ciblant les enfants à risque de complication respiratoire, puisque c’est la principale cause d’accident lié à l’anesthésie en pédiatrie. L’équipe du Pr Britta S von Ungern-Sternberg, de l’hôpital pédiatrique Princess Margaret, à Subiaco (Australie), propose un questionnaire pour identifier les enfants à risque respiratoire au cours de la chirurgie, c’est-à-dire pouvant présenter un bronchospasme, un laryngospasme, une toux périopératoire, une désaturation ou une obstruction des voies aériennes. C’est le fruit d’une enquête prospective sur une période d’un an, chez près de 1 000 enfants, de février 2007 à janvier 2008. Pour chaque intervention, étaient collectées des données concernant les antécédents familiaux (asthme, atopie, allergie), les infections respiratoires hautes et le tabagisme passif. Les modalités de l’anesthésie étaient également consignées.
Influence de l’environnement.
Dans cet établissement australien, il est apparu que les symptômes respiratoires multipliaient par 8 le risque de bronchospasme. Par symptômes respiratoires, les auteurs entendaient l’existence d’une toux sèche nocturne, la survenue de sifflements à l’effort, la notion de plus de 3 épisodes sibilants au cours des 12 derniers mois ou un terrain d’eczéma. De même, le risque de laryngospasme était 4 fois plus élevé, et à moindre degré, celui de toux périopératoire, de désaturation ou d’obstruction des voies aériennes, se voyait multiplié environ par 3. De façon attendue, la notion d’une infection respiratoire haute récente majorait le risque de complications, que l’épisode soit en cours ou qu’il ait eu lieu dans les 2 semaines passées. À l’inverse, si les symptômes remontaient entre 2 et 4 semaines, les enfants se voyaient conférer une certaine protection vis-à-vis des accidents respiratoires.
Pour la première fois, les chercheurs australiens ont montré que le tabagisme passif augmente le risque anesthésique dans une population pédiatrique. Par ailleurs, le risque semble plus élevé quand l’enfant est exposé à la fumée de cigarette de sa mère ou de ses deux parents, par rapport à celle de son père seul. De même que s’il existe un antécédent d’asthme ou d’eczéma chez au moins deux membres de la famille. Les complications survenaient plus souvent au cours de chirurgie ORL et d’interventions réalisées en urgence.
Modalités de l’anesthésie.
Le type d’anesthésie choisie pour l’induction et le maintien semble lui aussi mis en cause. Dans l’étude, l’induction administrée par voie intra-veineuse (propofol) s’est avérée plus sûre que celle par voie inhalée (sévoflurane), surtout pour ce qui est de la fréquence des laryngospasmes. De plus, pour le maintien, le propofol était là aussi plus sûr, davantage que le sévoflurane mais surtout bien plus que le desflurane. L’utilisation d’un masque facial entraînait moins de laryngospasme que l’intubation trachéale. Mais, sur ce dernier point, pour ce qui est des méthodes anesthésiques à recommander, un médecin spécialiste américain, le Dr Jerrold Lerman, souligne, dans un éditorial, que l’enquête a été réalisée dans un centre unique, exposant au biais d’être le reflet de particularités locales, sa propre équipe du Women and Children’s Hospital à Buffalo ayant une pratique différente à plusieurs égards. Ce qui fait penser, que si grâce à ce travail les enfants à risque peuvent être mieux ciblés, des études supplémentaires restent encore nécessaires pour déterminer la prise en charge anesthésique optimale.
The Lancet, volume 376, 773-783, 4 septembre 2010.
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